mercredi 26 mai 2010

Art of Noise.

Quittons Seattle et rendons-nous vers un autre berceau des mouvements rock "neo" et "post" en tout genre : New York...
Là-bas, la Whitney Biennal fait grand bruit ! Mais il y a un son plus qu'un autre qui attire notre attention. Celui strident et destructuré des guitares captées par Ari Marcopoulos.

ari marcopoulos

Né en 1957, cet artiste n'a de cesse d'analyser et questionner les milieux underground américains : skateboard, hip-hop... C'est sur que lorsque l'on commence sa carrière comme assistant d'Andy Warhol, l'exigence et la ténacité de son travail ne pouvait qu'en être meilleurs. Photographiant et filmant tout à la fois son entourage ou des phénomènes populaires puissants, il délivre avec une certaine véracité hypersensible un regard incontournable sur les Etats adolescents (dés)Unis... Après avoir travaillé longtemps aux côtés des Beastie Boys, leur construisant une imagerie devenue iconique, il rencontre aujourd'hui une institutionnalisation méritée.
Alors que la vidéo présentée au Whitney "Detroit" montre deux musiciens pré-pubères perfectionnant leur son à l'aide de pléthore de pédales, la soirée "performative" qu'il a proposé laissait place à l'improvisation "noise" relativement maitrisée d'artistes plus confirmés : Orphan, Yellow Tears, et Mirror/Dash...

kim gordon

Mais le succès a un prix... Se retrouver sur le "sac" en vente au musée ! Edition limitée (98$), signée Hilfiger...mais quand même ! Rappelons que l'on parle d'underground !

ari marcopoulos withney

samedi 22 mai 2010

Two Thieves, One Liar.

Angus Andrew, Aaron Hemphill, Julian Gross : Two thieves, one liar...

jim dine

A l'instar de l'oeuvre du même nom de l'artiste américain Jim Dine, les trois acolytes de Liars oscillent entre un primitivisme enfantin et un génie dangereux. Si Pinocchio avec son allure famélique se croit condamné à sa condition de marionnette, Angus Andrews, tout aussi désarticulé, brise les chaines, et peu importe si le nez s'allonge, le spectacle est là.
Les Liars écrivent à leur manière les pages d'un nouveau conte. Celui d'un groupe de rock frôlant avec la perfection musicale qui marie prises de risque, scansions vibrantes, rythmes hypnotiques et mélodies sublimées... Le bijou nimbé dans un écrin visionnaire, nous invite à voir au-delà de nos limites... Ouvrez le verrou et laissez-vous guider...

andrews liars

A la maroquinerie, les déambulations oniriques n'ont été cessé qu'à l'éclat brutal et censeur des lumières de la salle, qui, une fois rallumées, vous ramènent à terre... Le renard, le chat et la marionnette nous ont transportés bien plus loin que la Toscane.

ps : Inutile de préciser que deux des membres du groupe sont issus d'une école d'art ! Un rapport ?

dimanche 9 mai 2010

The worst crime is faking it.

Qui mieux que la ville de Seattle peut recevoir une exposition d'art contemporain nommée KURT?
L'intitulé est simple et incisif, si puissant qu'il se suffit à lui-même. Mais n'enferme-t-il pas dans sa brièveté sémiologique les artistes présentés ?

Si le commissaire du Musée d'art de Seattle (SAM), Michael Darling a le mérite de présenter un nombre conséquent d'oeuvres, permettant ainsi au public de mesurer l'impact immense de la musique sur les arts plastiques, il semble moins aventureux d'aborder un sujet aussi teinté d'évidence.

kurt seattle

Des artistes majeurs comme Gillian Wearing, Rodney Graham, Elizabeth Peyton, ou Banks Violette ont depuis longtemps imprégné les oeuvres de l'aura mythique des ex Fetal Matter. L'influence du groupe et de son cavalier sombre est immense et incommensurable si bien que celle-ci semble parfois caricaturale ou surfaite.
Même si l'exposition présente un éventail assez large d'artistes aussi bien locaux qu'internationaux, celui-ci ne le sera jamais suffisamment pour couvrir l'ensemble de tous ceux (plus ou moins inspiré d'ailleurs) qui à l'instar de Claude Lévêque ont donné à Kurt Cobain une incarnation esthétique nimbée de délicatesse et d'intelligence.

D'autres tentatives ont précédemment vu le jour, mais il semble néanmoins que Kurt (commençant 13/05) soit celle de la plus grande ampleur d'une part mais surtout celle de la plus grande exigence...
L'hommage semble beau, espérons qu'il ne soit pas feint. Kurt Cobain a plusieurs visages, incitant donc plusieurs interprétations comme l'a parfaitement compris ce cher Douglas Gordon.

douglas gordon cobain

mercredi 28 avril 2010

April Fool.

Les frontières entre les arts sont de plus en plus floues, on observe les artistes devenir musiciens, les musiciens s'associer avec des artistes, mais qu'en est-il des musiciens ayant une pratique artistique ?
D'une part, et d'une manière assez logique, certains, issus d'écoles d'art, n'ont fait que poursuivre, avec plus ou moins de succès une double pratique : David Bowie, mais surtout Alan Vega, David Byrne, Kim Gordon...
La Minerve Sonique présente d'ailleurs actuellement dans son exposition "The Noise Paintings", à la galerie Glenn Horwitz de New York, un ensemble de nouvelles pièces mélant habilement corpus graphique et concept formel.

kim gordon

D'autres, comme soudainement révélé, nous délivrent une part de leur mythologie personnelle au travers d'oeuvres plastiques au statut pour le moins intriguant.
C'est le cas de Brian Warner. Ce cher reverend Manson, entre deux psalmodies électriques, se complait à réaliser, certes, mais également à dévoiler, sans pudeur, son travail pictural. A lire à ce sujet "Marilyn Manson : La part maudite" dans BC ( summer 2009). Il nous laisse impassible et presque hébété face à une galerie de portraits, réels (son amie Rachel, Hitler, Kerry King...) ou fantasmés. Son aquarelle dégoulinante et maladroite s'infiltre dans notre flux rétinien et questionne notre jugement. Que faire de cette absinthe séductrice et dangereuse ?
Déjà deux expositions lui ont été consacré. La troisième s'ouvre aujourd'hui en Grêce, à Athènes...Hell, ect .

On ne remet pas en question l'investissement, tant intellectuel que personnel. La démarche est noble et plutôt bien cernée. Mais notre dandy démiurge voit grand et à la manière d'un Breton qui poserait un manifeste ou d'un Greenberg qui nommerait un nouveau mouvement, il a conceptualisé la Celebritarian Corporation. Mouvement mélant surréalisme et pop art dont le questionnement récurrent est celui de la quête de la gloire. Lui qui dès le début de sa carrière annoncait son désir de devenir la plus grande star sur terre sait de quoi il parle... Cette corporation possède au-delà de son concept, de ses "membres", son propre logo... (les symboles alchimiques notamment, mais également historiques sont souvent utilisés et détournés dans le monde mansonien. Reste que ce dernier se rapproche étrangement d'un autre mouvement, Thee Temple ov Psychick Youth d'un autre artiste-musicien hybride, Genesis P-Orridge...).

celebritarian corporation

Si Manson déclare volontiers que ses peintures sont le prolongement de sa musique, viennent-elles s'insérer dans le prolongement de l'histoire ? La vraie prise de risque n'est pas celle qu'il prend en épousant une carrière d'artiste, mais serait celle prise par un commissaire d'expo visionnaire qui le présenterait, à l'instar de Kim Gordon, aux côtés d'artistes contemporains...

lucifer

mardi 27 avril 2010

j'irai chier dans ton vomi.

Bel hommage de l'artiste Jim Lambie au groupe parisien...

lambie metal urain


Si les acolytes d'Eric Debris ont connu une plus grande reconnaissance au Royaume-Uni qu'en France, il parait alors normal que ce soit un artiste écossais qui vienne les citer.
La France passe parfois à côté de ses propres joyaux, heureusement que d'autres sont là pour les célébrer. Alors que l'on se souvient seulement que l'on ira cracher sur vos tombes, n'oublions pas que chier dans un vomi peut être tout autant blasphématoire...

Jim Lambie, pour cette exposition au Modern Institute, présente un ensemble d'oeuvres sur metal, dont ces fameux assemblages de feuilles pliées. Si l'on aime chez lui ses titres poétiques bercés de musique rock, il faut également apprécier ses choix de titres d'exposition... Entre autres : Unknown Pleasures, P.I.L, Television, The Kinks, The Byrds, Thirteenth Floor Elevator, Boy Hairdresser (le groupe dans lequel il a joué), Voidoids....
Ce que fait Jim Lambie depuis plus de dix ans cotoie étrangement une forme de perfection, où l'abstraction se mêle à la banalité du quotidien, où la rigueur de l'exécution se joue de l'impulsivité adolescente, où la célébration de la couleur porte le flambeau d'une violence punk.

Si Metal urbain déclarait "les hommes morts sont dangeureux" celui-ci est bien vivant et l'est tout autant !

jim lambie

mardi 20 avril 2010

GagaKoh...lonisation.

On a vu Cameron Jamie s'entourer des Melvins, Banks Violette de Sunn O, Matthew Barney de Dave Lombardo, Joao Onofre du groupe Darkmoon, Erik Smith du groupe Samath, Bjarne Melgaard de Snorre Ruch, Christoph Büchel de I love UFO...

Tous ont été des collaborations fructueueses, des prolongements évidents à l'oeuvre et des confrontations heureuses...
Quand l'artiste fait intervenir un musicien, un groupe dans le but de récupérer de manière formelle, l'identité même de celui-ci, Il convoque alors, un ensemble de référents, de caractéristiques qui s'incluent aussitôt dans le principe à l'oeuvre. Il y a une conscience de l'échange, un bénéfice à la référentialité et surtout un apport au discours.

On voit depuis quelques temps un rapprochement surprenant entre l'artiste Terence Koh et Lady Gaga. On vous en parlait déjà ici, mais l'hybridation a pris et le fruit est consommé. Dans un premier temps il a réalisé, à l'instar de Damien Hirst quelques mois plus tôt, le piano de celle ci lors de son duo avec un certain Sir John, puis à la manière d'un outil promotionnel dont on ne sait à qui il profite, a circulé une video (d'artiste?) les présentant tous les deux en train de trier des perles... Mais ce soir, les cartes seront jouées et nous connaitrons ce qui relie ces deux protagonnistes. Ils présentent en effet une "performance" intitulée GagaKoh à Tokyo... Notons juste que la dite performance a lieu pour un lancement de la marque cosmétique Mac !!!

Cette étrange collaboration née dans les paillettes et consummée dans le champagne, dont les seuls retours sont ceux donnés par la presse people, a de quoi surprendre. Elle peut marquer une capacité sans borne de Terence Koh a dépasser les limites de l'art, elle peut simplement symboliser une amitié hors norme dont les heures jouissives sont vouées à l'entertainement, elle peut aussi être un plan marketing promotionnel, ou tout simplement marquer la décrédibilisation de l'un au pofit de l'inctellectualisation de l'autre... Convoquer les acteurs de l'underground est un acte productif mais cotoyer une icône pop remet tout en question... Où sont donc les guitares ?


lady gaga terence koh

jeudi 15 avril 2010

Du it au ça

Matthew Stone est un "it-artist"...
Non pas un accessoire éphémère mais une figure tendance et récurrente, qui revient de saison en saison. Il est ce petit bijoux créatif, frais et prometteur que tout le monde s'arrache. Si le milieu de la mode a tenté de s'en saisir, ce jeune artiste frivole mais pas désinvolte dit se préserver et se concentrer sur son oeuvre. Mais on aime se montrer avec son Stone... Gareth Pugh a fait appel à lui pour mettre en musique ses défilés, les foules se bousculent à ses soirées Boombox, et l'on aime se montrer à ses salons de discussions philosophiques... Ce magnétisme Matthew Stone le doit à son pouvoir shamanique qu'il aime cultiver...Et son oeuvre (analysée ) toute entière s'en resssent. Une danse de corps caravagiens noyés dans une pénombre inquiétante qui les absorbe peu à peu...Du it il passe au ça... Ses photographies, où le charnel devient rituel, relèvent du ça... Elles dépassent l'interdit, sont intemporelles et omnipotentes. Leur monstration sculpturale s'extrait du cadre, brave les lois et vous happe. Cette capacité extraordinaire à dévoiler le corps, l'être profond, a profité dernièrement au groupe "These new puritans" pour le clip de "Attack Music".



Matthew Stone, DJ a ses heures, ne cache pas son amour pour la musique et n'en est pas à sa première expérience. Le groupe SCUM avait déjà fièrement exposé sa collaboration avec l'artiste.

matthew stone scum

Les Puritans sont un "it-band"... Phénomène "hype" dès la sortie du premier album, les voici revenus avec "Hidden", empreintant à Matthew Stone peut-être, un ésotérisme fragile... Eux aussi ce sont frottés au milieu de la mode aux côtés d'Hedi Slimane, eux aussi ont joué les stars en vogue, et tentent désormais de s'acheter une légitimité artistique sous l'oeil avisé de notre artiste lapidaire. Les images parlent d'elle même, la musique moins !

matthew stone new puritains

Si musicalement, il n'y aura ici aucun jugement de valeur (par manque d'écoute), on sait d'ores et déjà que ceux-ci ne nous permettrons pas d'atteindre notre ça, encore moins notre surmoi...

mercredi 31 mars 2010

Hellyday on ice

Imaginez Tonya Harding patiner sur la mer de glace de C. D. Friedrich...
Imaginez un épisode de Twin Peaks écrit par un(e) JT Leroy enamouré(e)...
Imaginez une pièce de Sophie Perez teintée de mélancolie et emprisonnée dans un carcan glacial...
Imaginez un film de Gus van Sant muet dont la fin verserait dans le film de serie B...
Imaginez Stephen O'Malley sur des patins et dont les crissements de guitare feraient la spirale de la mort avec Arvo Pärt...
Imaginez la femme dominatrice de Rodin tombée à genou devant un homme venu d'ailleurs...
Imaginez, à l'instar de ce qu'est la danse contemporaine, ce que pourrait être le patinage artistique contemporain...
Imaginez Matthew Barney ayant eu la carrière de Philippe Candeloro écrire un "Freezmaster"...
Imaginez les enfants du Village des Damnés retourner sagement à l'école...

eternelle idole

...Tout n'est que renversement des valeurs...
Vous parvenez petit à petit à imaginer ce que donne la pièce savamment orchestrée par Gisèle Vienne: "Eternelle Idole".

Art is where you find it.

Alors que nos oreilles se remettent à peine du dernier album de Burzum, nos esprits sont mis également à contribution...
La problématique visuelle on l'a vu, n'est pas le questionnement premier de Varg Vikernes. Pourtant celui ci semble sensible à l'art et apprécie nombre d'artistes dits "classiques"... Ce penchant le pousse aujourd'hui à vouloir déceler l'artiste qui serait selon des critère qui lui sont propres, le plus apte à représenter des épisodes de la vie du dieu Baldr (finalement, il se défile un peu au moment crucial de la decision puisque celle ci incombe au public). Ainsi, un concours est ouvert (et ce jusqu'au 1er septembre) aux artistes, illustrateurs, designers, graphistes qui se sentiraient inspirés par cette mythologie dont le passage le plus connu reste l'épisode de sa mort (daudi Baldrs); scène abordée à plusieurs reprises dans la peinture (comme Christoffer Wilhelm Eckersberg). Bien sur, un concours comme celui-ci, dans une approche marketing, vient stimuler la curiosité des fidèles mais la direction artistique peut étonner. Le gain quand à lui ne pourra intéresser que des fans( oeuvre présentée sur la page d'accueil du site du groupe et présentation du travail. Est-ce vraiment intéressant pour un artiste ? Pour un fan ?).
Alors que Varg fait appel aux artistes, sait-il qu'il est lui même le sujet de nombre d'oeuvres d'art contemporain ? Il est un Baldr post moderne, qu'il faut tuer pour certains ou glorifier pour d'autres. Une figure devenue mythique, au coeur de la tourmente, une icône qui derange...

quelques exemples parmis d'autres...

frederik soderberg

rodland

burdin

griffin

de haut en bas:
Fredrik Soderberg (on vous en parlait le mois dernier) "Gryning", 2005
Tobjorn Rodland, "Burzum", 2002
Anthony Burdin, "Voodoo Room , Oslo" 2005
Matthew Griffin,"Das bogus Journey" 2005

mardi 30 mars 2010

CA(sd)DO.

Animal Collective... ou la théorie de l'évolution appliquée à la musique...
Dix années de transformations riches et productives aboutissent à une nouvelle espèce reconnue et admirée.
En effet, au fil du temps, la morphologie du groupe a bien évolué. Adaptation et variabilité ont révélé Avey Tare, Panda Bear, et Geologist... puis par hybridation Jane, Terrestrial Tones... Mais l'identité Animal collective bien que complexe fait partie aujourd'hui des espèces repertoriées. Si elle n'est pas pour le moment en voie de disparition, connait-elle celle de la dispersion ?
Le trio est plus que créatif, on le sait. Il aime à abolir les frontières entre les genres... Et parfois, suivant ses inspirations délirantes, il s'associe à d'autres pour donner naissance à des expérimentations nouvelles. Ce fut le cas, en début de mois, au musée Guggenheim à NY. Avec l'aide de l'artiste vidéaste Danny Perez, les Animal Collective, dans leur animalité la plus profonde, ont incarné et proposé leur projet "Transverse Temporal Gyrus".

animal collective

Dans un environnement psychédélique, les apprentis artistes donnaient à voir un ensemble de jeux cinétiques et sonores, plus proche d'une performance conçue pour un site précis qu'un concert. L'expérience sensorielle proposait également une relecture de la rotonde imaginée par Wright, dont le vide a inspiré un certain nombre d'artistes présentés dans l'exposition "Contemplating the void" .

animal collective guggenheim

Cette volonté d'utiliser le visuel comme outil plastique et vecteur esthétique s'est vue développée de manière encore plus concrète avec leur projet filmique "ODDSAC" à nouveau orchestré par Perez. Trois années de travail auront été nécessaire pour réaliser ce film de 53 mn, influencé par le cinema d'horreur (en particulier par le film japonais Hausu). Présenté au dernier Festival de Sundance, le film sortira en DVD en juin prochain... Ce genre de crossover entre art et musique, leur permettra-t-il de devenir les Residents de demain ?


Si, en lapins, ils incarnent parfaitement la fécondité (celle de l'esprit), ils véhiculent aussi les notions de renouveaux mais aussi de prolifération... A trop s'étendre ne risquent-ils pas de se voir réguler et pourchasser ?... Gare aux civets !