jeudi 5 février 2009

Double assassinat dans la rue morgue.

A l'heure où certains pensent qu'il suffit de ramener une guitare et un ampli dans une galerie d'art pour faire une "performance", il est de bon ton de rappeler que la bible performative L'Acte pour l'Art (éd. Al Dante) d'Arnaud Labelle-Rojoux est non seulement disponible mais absolument indispensable à lire....
Alors non, c'est sûr, les "performances" de Lux Interior sur scène n'étaient pas des actes artistiques désirés comme tels mais bien plutôt une manifestation, une ex-istence des pulsions bouleversées qui constituent les fondements du Rock'n'Roll. S'il connaissait inconsciemment les codes de la performance (comme Johnny Rotten pressent le situationnisme), le charismatique leader des Cramps ne recherchait pas la transcendance artistique. S'il l'on a déjà eu l'occasion ici de parler de la réappropriation des Cramps dans le champ de l'art, nul doute que ce groupe mythique savait délimiter les champs d'expérimentation.
Il est irréfutable que n'importe quel concert des Cramps est plus proche de l'expérience artistique que n'importe quel musicien-pseudo-artiste se produisant dans des centres d'art, confondant art et musique (art majeur et art mineur dirait Gainsbourg).
Après tout, Lux Interior était de la lignée des Lucifer, Prométhée et autres possédés : tout le monde n'a pas la chance de porter la lumière au plus profond de son être....

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A l'heure où la petite lampe interne d'Erick Purkhiser vient de s'éteindre et après l'effondrement de Ron Asheton, le Rock vient de mourir une deuxième fois. Et l'on ne cesse d'assassiner son cadavre...