samedi 29 mai 2010

The alive is cult - part 2

(Si vous voulez voir, voire revoir, le clip Alive de Goldfrapp, il suffit de lire ci-dessous)

A vrai dire, ce qu'il y a de fascinant dans ce clip de Goldfrapp, c'est la notion de kitsch. Certes ABBA est kitsch, comme on vous le disait dans la "part 1", mais Cradle of Filth aussi est kitsch, et pas qu'un peu (et depuis le début) ! Il est la version populaire de l'art, du Black Art, qu'est le black metal originel, norvégien et descendant d'une culture supérieure, avant-gardiste. Il en est la version industrielle, de masse si l'on se réfère à l'article "Avant-garde et kitsch" de Clement Greenberg (1939)....

cradle of filth pieta kitsch goldfrapp alive

Alors oui, Goldfrapp joue sur le kitsch dans ce clip avec les reines de l'aérobic, la prêtresse disco et les danseurs déguisés en black metalleux de seconde zone. Mais il opère aussi un formidable renversement, permettant d'élever le kitsch au rang d'avant-garde (Jeff Koons-style). Car apporter le sang bleu paillette, les tentatrices diaboliques en collants et chaussettes de danse, rendre au pentagramme sa fonction de cercle magique permettant d'atteindre le sacré par la danse rituelle, transformer le chanteur chamanique (Dan Graham-style) en maîtresse de cérémonie orgiaque (Hermann Nitsch-style), faire de la Femme Symboliste vénéneuse la véritable instigatrice du danger et de la tentation (Gustave Moreau-style), c'est donner au kitsch la possibilité de se relire sous une interprétation de culture qui ne se limite pas à "copier les effets" de l'art mais en "imite les processus".

Seul regret, que la musique ne parvienne pas à renverser les codes et demeure dans un pastiche qu'à moitié assumé. Entre le kitsch et l'avant-garde, il n'y a pas grand chose d'intéressant. Beaucoup d'insignifiant. Même "Dieu vomit les tièdes", c'est dire.... Au moins David Lachapelle l'a bien compris.

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The cult is alive - part 1

Le dernier clip de Goldfrapp "Alive" équivaut à la rencontre improbable de l'univers dejanté, burlesco-gothique de Cradle of Filth avec celui kitchissime de ABBA...



En art, certains ont déjà détourné la figure du musicien black metal... Brian Kennon (ci-dessous), Tony Garifalakis... entre autres.
brian kennon

Mais seul le site brutal fucking metal ose une satire du genre en rassemblant certaines des meilleures tentatives. Le second degré fait parfois du bien (sans pour autant en oublier la finesse... d'esprit !)

matt lingo
Matt Lingo pour fix magazine

mercredi 26 mai 2010

Portrait of an american family.

Alors que la fille, starlette de clip video (d'accord, c'était pour les collègues jurassiques) s'amuse et gratouille avec ses copines, la mère, en parfaite business woman (également créatrice d'une marque de vêtements), ne s'arrète plus et enchaine les expos et les performances !
On vous parlait de son exposition personnelle à la galerie Glenn Horwitz en avril dernier, voici "Performing Guzzling" à la galerie Kerry Schuss. Kim Gordon est inarrêtable... A 57 ans, l'idée d'une retraite est impensable !

On retrouve ses peintures lettristes dégoulinantes mais également des objets et installations. Mais l'innovation du mois est la première représentation de Bad Adult : un duo bruitiste qu'elle a mis sur pied avec son amie de longue date Jutta Koether. Le soir du vernissage, la performance "The Promise of Originality" fut, on s'en doute, très attendue !

kim gordon

Après Free Kitten, Harry Crews, un quartet éponyme, Mirror Dash (duo formé avec son compagnon Thurston Moore), voici donc Bad Adult...L'exploration sonore et sonique n'a pas de limite... Cela peu impressionner mais aussi fatiguer (le musicien ou l'auditeur ?). Alors que sur un site social se regroupent les filles revendiquant "quand je serai grande, je serai Kim Gordon", on se demande si c'est le souhait de la petite Coco... Joue-t-elle d'ailleurs encore dans son groupe : Lightbulb ? En tout cas, cela promet !

dinosaur jr

Art of Noise.

Quittons Seattle et rendons-nous vers un autre berceau des mouvements rock "neo" et "post" en tout genre : New York...
Là-bas, la Whitney Biennal fait grand bruit ! Mais il y a un son plus qu'un autre qui attire notre attention. Celui strident et destructuré des guitares captées par Ari Marcopoulos.

ari marcopoulos

Né en 1957, cet artiste n'a de cesse d'analyser et questionner les milieux underground américains : skateboard, hip-hop... C'est sur que lorsque l'on commence sa carrière comme assistant d'Andy Warhol, l'exigence et la ténacité de son travail ne pouvait qu'en être meilleurs. Photographiant et filmant tout à la fois son entourage ou des phénomènes populaires puissants, il délivre avec une certaine véracité hypersensible un regard incontournable sur les Etats adolescents (dés)Unis... Après avoir travaillé longtemps aux côtés des Beastie Boys, leur construisant une imagerie devenue iconique, il rencontre aujourd'hui une institutionnalisation méritée.
Alors que la vidéo présentée au Whitney "Detroit" montre deux musiciens pré-pubères perfectionnant leur son à l'aide de pléthore de pédales, la soirée "performative" qu'il a proposé laissait place à l'improvisation "noise" relativement maitrisée d'artistes plus confirmés : Orphan, Yellow Tears, et Mirror/Dash...

kim gordon

Mais le succès a un prix... Se retrouver sur le "sac" en vente au musée ! Edition limitée (98$), signée Hilfiger...mais quand même ! Rappelons que l'on parle d'underground !

ari marcopoulos withney

samedi 22 mai 2010

Two Thieves, One Liar.

Angus Andrew, Aaron Hemphill, Julian Gross : Two thieves, one liar...

jim dine

A l'instar de l'oeuvre du même nom de l'artiste américain Jim Dine, les trois acolytes de Liars oscillent entre un primitivisme enfantin et un génie dangereux. Si Pinocchio avec son allure famélique se croit condamné à sa condition de marionnette, Angus Andrews, tout aussi désarticulé, brise les chaines, et peu importe si le nez s'allonge, le spectacle est là.
Les Liars écrivent à leur manière les pages d'un nouveau conte. Celui d'un groupe de rock frôlant avec la perfection musicale qui marie prises de risque, scansions vibrantes, rythmes hypnotiques et mélodies sublimées... Le bijou nimbé dans un écrin visionnaire, nous invite à voir au-delà de nos limites... Ouvrez le verrou et laissez-vous guider...

andrews liars

A la maroquinerie, les déambulations oniriques n'ont été cessé qu'à l'éclat brutal et censeur des lumières de la salle, qui, une fois rallumées, vous ramènent à terre... Le renard, le chat et la marionnette nous ont transportés bien plus loin que la Toscane.

ps : Inutile de préciser que deux des membres du groupe sont issus d'une école d'art ! Un rapport ?

dimanche 9 mai 2010

The worst crime is faking it.

Qui mieux que la ville de Seattle peut recevoir une exposition d'art contemporain nommée KURT?
L'intitulé est simple et incisif, si puissant qu'il se suffit à lui-même. Mais n'enferme-t-il pas dans sa brièveté sémiologique les artistes présentés ?

Si le commissaire du Musée d'art de Seattle (SAM), Michael Darling a le mérite de présenter un nombre conséquent d'oeuvres, permettant ainsi au public de mesurer l'impact immense de la musique sur les arts plastiques, il semble moins aventureux d'aborder un sujet aussi teinté d'évidence.

kurt seattle

Des artistes majeurs comme Gillian Wearing, Rodney Graham, Elizabeth Peyton, ou Banks Violette ont depuis longtemps imprégné les oeuvres de l'aura mythique des ex Fetal Matter. L'influence du groupe et de son cavalier sombre est immense et incommensurable si bien que celle-ci semble parfois caricaturale ou surfaite.
Même si l'exposition présente un éventail assez large d'artistes aussi bien locaux qu'internationaux, celui-ci ne le sera jamais suffisamment pour couvrir l'ensemble de tous ceux (plus ou moins inspiré d'ailleurs) qui à l'instar de Claude Lévêque ont donné à Kurt Cobain une incarnation esthétique nimbée de délicatesse et d'intelligence.

D'autres tentatives ont précédemment vu le jour, mais il semble néanmoins que Kurt (commençant 13/05) soit celle de la plus grande ampleur d'une part mais surtout celle de la plus grande exigence...
L'hommage semble beau, espérons qu'il ne soit pas feint. Kurt Cobain a plusieurs visages, incitant donc plusieurs interprétations comme l'a parfaitement compris ce cher Douglas Gordon.

douglas gordon cobain