dimanche 29 juin 2008

And leave a good-looking corpse.

Après Barcelone et Brême, c'est La Fondation Serralves de Porto qui accueille "VINYL - RECORDS AND COVERS BY ARTISTS" jusqu'au 13 juillet. Un projet simple : regrouper les pochettes de disques réalisées par des artistes. Tellement génial que l'on se demande pourquoi l'on n'y a pas pensé plus tôt.
Il faut désormais continuer l'histoire : vous savez ce qu'il vous reste à faire....

Décidemment, le vinyl n'en finit pas de revivre : Live fast, die young... but resuscitate!
Photobucket
Evidemment, on retrouve les incontournables :

Sonic Youth : Saint-Nazaire, Ghosts and Flowers.

Le LIFE de Saint-Nazaire donne enfin vie à un projet d'exposition fascinant, celui de réunir la production artistique de Sonic Youth. Le groupe new-yorkais qui a marqué l'histoire du rock (et continue fort heureusement de le faire....) avec élégance et respect de soi, a toujours cultivé la fragile et délicate volonté de jouer sur le thème des variations, tels des doubles baroques. Ils ont également transcendé la notion d'art total pour en projeter une vision non pas regroupée sur l'unicité mais fondée au contraire sur la diversité. Les chocs qui en résultent forment la plus belle démonstration de la porosité de la frontière séparant le rock de l'art, dans ce sens.
La liste des artistes "conviés" étant tout simplement vertigineuse, on se rend alors vite compte de la chance que l'on a : acheter du Sonic Youth, c'est se payer une des plus belles collections d'art contemporain pour le prix d'un disque.....

Visible jusqu'au 7 septembre avec un concert (forcément) exceptionnel le 9 août.
Photobucket
Photobucket

vendredi 20 juin 2008

SunnO)))set

Comment réussir un magnifique coucher de soleil avec un simple néon ? Deux solutions : version rock star minimaliste pour le "Anthem (to future suicide)" de Banks Violette ou version "littéralement" (jusque dans le titre) fascinante du "coucher de soleil" de Pierre Ardouvin.
C'est, entre le "Raining Blood" de Tori Amos et le "Hurt" de Johnny Cash, beau comme la reprise d'un original divin.
Photobucket
Photobucket

Lilian Bourgeat : "bonjour, je voudrais un menu Giant s'il vous plaît !"

Interpellé. Par le texte de Pascal Beausse sur Lilian Bourgeat pour son exposition "Excès" chez Frank Elbaz jusqu'au 31 juillet. En résumé, PB nous dit que les oeuvres de Bourgeat (des objets du quotidien agrandis x 2,5 leur taille réelle) ne sont pas ce que l'on voit. Sinon, ça ne serait pas bon : ça déjà été fait (Oldenburg) depuis longtemps et en plus, ça ne dirait rien de plus, ça serait simplement travaillé à des fins commerciales, voire, allons-y franchement, ça serait un peu facile. Mais voilà, PB affirme que l'agrandissement nous fait perdre nos repères et nous fait sentir petits devant de telles sculptures.... Oui. Certes. C'est ça le but de l'agrandissement, non ? Alors, qu'est-ce qu'il reste ? Ben.... rien. On n'en sait rien. Vu qu'on (PB) ne nous le dit pas, nous, n'étant pas très fin, on en comprend pas l'intérêt.... Et on demande à ce que l'artiste soit, lui aussi, interpellé. Par la police de l'art.
Photobucket
Photobucket

mercredi 18 juin 2008

Des jeunes gens modernes.

L’artiste suisse Christoph Büchel (visible au Palais de Tokyo en ce moment) revient au rock frontal (après l’indépassable installation « Minus » au centre Pompidou en 2005) à la Biennale de Sidney. 4 octogénaires jouent (ou plutôt interprètent) « God Save the Queen » dans une performance au titre évocateur « No Future ». En dehors de la pertinence de cette oeuvre, la question ouvertement posée est : le rock a-t-il un âge ? Ou plus précisément : y a-t-il un âge pour faire du rock ? Expression de la jeunesse, révolte, rébellion, le rock est une musique adolescente faite par et pour la vision américaine du teenager. Oui, mais que faire de nos vieux rockers ? Nous sommes la première génération à voir vieillir les gloires de la musique qui a secoué la jeunesse pour l’éternité. Reconversions diverses (Rock & Folk qui raille ce que sont devenus les membres de Marquis de Sade.... l’hôpital qui se fout de la charité ?) : option classieuse (Elvis Costello, Joe jackson, Nick Cave (bien que toujours mordant, le Grinderman), adaptabilité à toute épreuve (David Bowie), carte de l’intemporalité (Dylan, Lou Reed), rock à mort (Iggy Pop, The Cramps), tentative d'immortalité (The Residents, Devo), les cas spéciaux (The Rolling Stones)... ou effacement de l’oubli.
Etrangement, la nostalgie nous donne envie de revoir les gloires anciennes se reformer (des Pistols hués pour avoir été (une fois de plus) les premiers, à... tous les autres, sans exceptions ! Y compris les morts....). Pourquoi ? Ne trouve-t-on rien d'intéressant dans la musique actuelle ? Mais voilà, est-on toujours crédible à hurler sa colère lorsque l’on a l’âge de nos grands-pères ? Johnny Cash l’a fait avec une élégance infinie jusqu’à (et surtout à) la fin. Faut-il dès lors juger au cas par cas : ce ne serait pas l'âge mais la personnalité qui devrait inspirer le terme (Scott Walker n'a-t-il pas livré son meilleur (et quel meilleur !) album The Drift récemment...) ?
Que nous apprend finalement la (théâtrale) mise en scène de Büchel ?
Plus simplement, faut-il mourir à 27 ans pour être absolu.... ou absous ?
Gilles Barbier vous laisse le choix....

No future - C. Büchel :
Photobucket
L'Hospice - G. Barbier :
Photobucket
Paysage Mental (Loch Ness) - G. Barbier :
Photobucket

mardi 17 juin 2008

Elodie Lesourd : la famille Riley s'agrandit....

Dans la famille Riley, que donne la rencontre de Bridget et de Terry ? La fusion de la brillantissime artiste anglaise, grande prêtresse du mouvement immobile avec le compositeur minimaliste américain, grand prêtre de l'immobilité mouvante ? Vous me répondez : l'album Tapes de Faust bien sûr ! Musique expérimentale répétitive sous la pochette signée Bridget..... Oui, mais il existe son équivalent en art : la "Riley Serie" (tiens donc...) initiée par Elodie Lesourd.
Elle consiste en la déconstruction mathématique de pochettes d'albums relevant tant d'une mythologie personnelle qu'universelle. Elle les reconstruit ensuite selon une trame linéaire respectant les proportions de couleurs présentes dans l'image d'origine. Le résultat est aussi finement conceptuel que brillamment esthétique. Enfin une artiste qui sait manier ses influences pour mieux nous en délivrer une composition parfaite et efficace. Elle nous réapprend même à relire l'histoire de la ligne dans l'art contemporain. Réussir à marier les grands maîtres du minimalisme conceptuel tant artistique que musical devrait la faire accéder rapidement à leur cercle (carré ?) très fermé.
Reste à savoir ce que donnerait la pochette de Faust Tapes vue au travers du spectre de la Riley Serie.... Any ideas?
Riley Serie : Sgt Pepper - Elodie Lesourd
Photobucket
Big Blue - Bridget Riley (à voir absolument : la rétrospective qui lui est consacrée au musée d'art moderne de la ville de Paris jusqu'au 14 septembre)
Photobucket
Tapes - Faust
Photobucket
In C - Terry Riley
Photobucket

dimanche 15 juin 2008

Gisèle Vienne : vivre, c'est survivre à un enfant mort.

Lorsque Jeff Wall aborde l'analyse de Dan Graham ("Alteration") sur les maisons de verre de Mies Van der Rohe, il rappelle l'effet miroir des vitres la nuit, celles qui nous coupent de l'extérieur, brisent notre intimité et font remonter à la surface les légendes romantiques du vampirisme originel. Voir une pièce de Gisèle Vienne produit le même effet. Catharsis évidemment, mais aussi peur de la perte de nos repères, peur d'être vu et de ne pas voir. C'est également avoir la sensation que quelqu'un pénètre notre intérieur pour en faire ressurgir nos angoisses profondes. Et dire que l'on n'a même pas la possibilité de tirer le rideau pour se couper de nos fantasmes....
Au plus travaillé et conceptuel Kindertotenlieder (pour lequel la liste des références et référents paraît sans limite..... dont les très beaux Perchten/Krampus évoquant Cameron Jamie), on peut préférer le minimaliste Jerk, habité par le terrifiant de véracité Jonathan Capdevielle. Les deux pièces sont sublimes (sens kantien, cela va sans dire...), profondes, intelligentes et esthétique. Elles se complètent d'aileurs à merveille. Dans Kindertotenlieder, Ktl interprète une mise en abîme du rock, réelle et métaphorique, comme une version live du "Rock my religion" (de D. Graham, toujours lui...). Pour les poupées de Jerk, c'est l'album Absinthe de Naked City qui pourrait illustrer la violence intérieure, tant des poupées (écho à celles de Bellmer sur la pochette) que du monologue ventriloquiste, fascinant de silence, du héros. Les pièces se parent de violence, de meurtre, de rock et de jeux sur la réalité, de sexe, d'art, de religion (quelque part sans doute....) et de rapports (tous). Et c'est sombrement brillant. Gisèle, I Apologize, mais j'aimerais vraiment bien voir une belle enfant blonde....

Jerk :
Photobucket
Kindertotenlieder :
Photobucket
Cameron Jamie :
Photobucket
Naked City :
Photobucket

samedi 14 juin 2008

Deroubaix : fear, emptiness, despair.

Comme une évidence.... En tombant sur le Sacrifice de Motörhead, c'est toute l'oeuvre de Damien Deroubaix qui défile en moins de 4 min : sexe, guerre, mort, religion. Le problème est : le travail d'un artiste peut-il se résumer à un clip de "rock" (sans même parler de la pertinence du groupe de Lemmy.... qui mérite au moins le respect dû à sa carrière) ? Assurément pas. Et c'est là que le (très) bas blesse. Malheureusement, les aquarelles de Deroubaix n'arrivent même pas à la hauteur des (excellents) groupes qu'il cite (Carcass, Napalm Death, Obituary....). Il réussit néanmoins l'exploit d'associer le vide théorique, le creux artistique, la facilité conceptuelle la plus éminemment honteuse et le cautionnement du marché et d'une partie de l'intellegentsia artistique (mais qu'est-il arrivé à Artpress ? Victime d'une malédiction vaudou ?....). Mieux vaut s'arrêter là.... Car si l'on voulait devenir vraiment blessant, on vous dirait de cliquer sur le lien suivant Damien Deroubaix.... mais on ne le fera pas.


Photobucket

jeudi 5 juin 2008

Why are we fighting? We don't want to fight!

Sam Durant parle (aussi) de rock. Mais il le fait d'une manière tellement subtile que cela échappe parfois. Artiste brillant, sans doute un des plus sous-estimés de sa génération, toute son oeuvre est sous-tendue de réappropriation intellectuelle et délicate flirtant avec une mythologie contemporaine. Les oeuvres sont fortes et troublantes, réflexives et pertinentes. L'esthétisme léger qui affleure semble naturel, quasiment involontaire, sans arrière-pensée ni manigance mais avec réussite. Il aborde l'art du détournement avec élégance et plus que tout, avec intelligence.
Peu importe si le diagramme de Klein repris en 1979 par la (grande prêtresse) R. Krauss vous laisse de marbre ou si la trinité Smithson / Woodstock / Altamont n'évoque rien pour vous de ces voix d'outre-tombe : ne luttez pas. Le combat est perdu d'avance : "The Revolution has co-ome, it's time to pick up the gu-un. Off the pigs!"
Photobucket
Photobucket