dimanche 15 juin 2008

Gisèle Vienne : vivre, c'est survivre à un enfant mort.

Lorsque Jeff Wall aborde l'analyse de Dan Graham ("Alteration") sur les maisons de verre de Mies Van der Rohe, il rappelle l'effet miroir des vitres la nuit, celles qui nous coupent de l'extérieur, brisent notre intimité et font remonter à la surface les légendes romantiques du vampirisme originel. Voir une pièce de Gisèle Vienne produit le même effet. Catharsis évidemment, mais aussi peur de la perte de nos repères, peur d'être vu et de ne pas voir. C'est également avoir la sensation que quelqu'un pénètre notre intérieur pour en faire ressurgir nos angoisses profondes. Et dire que l'on n'a même pas la possibilité de tirer le rideau pour se couper de nos fantasmes....
Au plus travaillé et conceptuel Kindertotenlieder (pour lequel la liste des références et référents paraît sans limite..... dont les très beaux Perchten/Krampus évoquant Cameron Jamie), on peut préférer le minimaliste Jerk, habité par le terrifiant de véracité Jonathan Capdevielle. Les deux pièces sont sublimes (sens kantien, cela va sans dire...), profondes, intelligentes et esthétique. Elles se complètent d'aileurs à merveille. Dans Kindertotenlieder, Ktl interprète une mise en abîme du rock, réelle et métaphorique, comme une version live du "Rock my religion" (de D. Graham, toujours lui...). Pour les poupées de Jerk, c'est l'album Absinthe de Naked City qui pourrait illustrer la violence intérieure, tant des poupées (écho à celles de Bellmer sur la pochette) que du monologue ventriloquiste, fascinant de silence, du héros. Les pièces se parent de violence, de meurtre, de rock et de jeux sur la réalité, de sexe, d'art, de religion (quelque part sans doute....) et de rapports (tous). Et c'est sombrement brillant. Gisèle, I Apologize, mais j'aimerais vraiment bien voir une belle enfant blonde....

Jerk :
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Kindertotenlieder :
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Cameron Jamie :
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Naked City :
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