jeudi 26 novembre 2009

Gagaïsme.

A force de nous répéter que l'année 2009 est celle de Lady Gaga, on finirait par le croire. Son succès inattendu et inespéré (après plusieurs tentatives) voit, au-delà de sa pop musique lisse et standardisée, l'emploi récurrent d'emprunts, de référents. Pratique commune de notre époque devenue complètement acquise et banalisée.
lady gaga

L'emprunt s'incarne chez elle dès la conception de son "personnage". Lady Gaga en référence au morceau Radio Gaga... Mercury est plus qu'une inspiration à ses yeux, au même titre que Bowie ou Grace Jones (puisqu'il faut bien citer une femme).
Mais, en parfaite "chef de projet marketing" warholien (elle a même lancé la Haus of Gaga), elle use et abuse du name dropping. Une façon d'intellectualiser la démarche sans doute... Mais dans une volonté toujours plus forte d'atteindre le produit parfait, elle côtoie le milieu de l'art contemporain, s'en inspire et finit par y être invitée.
Ses clips d'abord, notamment Bad Romance, illustrent assez bien l'influence de l'art sur son travail. On pense entre autres à Matthew Barney, David Lachapelle... et également Terence Koh. On entend d'ailleurs ça et là des rumeurs de collaboration entre ces deux derniers.
lady gaga

matthew barney

Mais c'est le 14 novembre dernier que cette relation se concrétise. L'artiste Franscesco Vezzoli, remarqué avec son oeuvre Greed mêlant luxe, cinéma et art contemporain, présente une performance menée par la Lady lors de la soirée organisée pour célébrer les 30 ans du Moca de Los Angeles. Ballets Russes Italian Style (the shortest musical you will never see again) a bien entendu fait grand bruit. BolchoÏ et pop musique se marient dans les nimbes de Gehry et Prada aux sons d'un piano Steinway customisé par Damien Hirst et au milieu... Lady Gaga. La pop icône (et oui, déjà) est-elle dès lors utilisée comme un objet ou sa présence seule au sein de l'oeuvre de Vezzoli, comme pouvait l'être celle de Nathalie Portman, dessine le concept ? Peu importe, Lady Gaga a atteint la High Culture. Elle fait désormais appel à Hedi Slimane pour la réalisation de la pochette de son dernier single... et enfin, c'est Araki qui, pour un numéro du Vogue Japan photographie la chanteuse... Elle devient alors elle-même l'oeuvre d'art.
Finalement, il est assez difficile aujourd'hui de savoir qui a besoin de qui. Elle avait besoin des autres pour exister mais fait à son tour exister les autres... Gaga n'est pas encore Dada mais tente par l'extravagance et la provocation de s'inscrire dans l'histoire... On verra bien.

terence koh
ladygaga

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