vendredi 28 novembre 2008

Can you see the difference? - 2

Parfois les reprises de pochette se font involontairement. C'est le cas des pochettes censurées qui deviennent des doubles monstrueuses d'elles-mêmes. Compréhensible, effarant, surprenant, risible, les cas de censures donnent toujours naissance à des créations étonnantes. Si certains s'en amusent (Liars encore et toujours, jouant sans doute les vierges effarouchées et incomprises), d'autres deviennent légendaires (l'incroyable butcher cover du Yesterday and Today des Beatles, rendues impeccables et couvrant l'horreur et l'ambivalence du plus démoniaque des groupes pop). D'autres enfin n'ont pas le choix (Cannibal Corpse, ou encore Deicide avec le retour du voile de la pudeur "da volterrien") : c'est le blackout total et sans appel. Ne cherchez plus les différences : il n'y a rien à voir.

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Apparemment, la société n'est pas encore prête... Liars, liars, liars..... la vraie, visible ici.
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Can you see the difference?

Les techniques d'appropriation diffèrent et les stratégies se complexifient. La reprise est une pratique commune à l'art et à la musique. Certains associent les deux en reprenant à leur compte des pochettes pré-existantes. Avec des volontés et des enjeux divers : la reprise historique (Zappa singeant la plus célèbre et peut-être plus retravaillée des pochettes de l'histoire du rock, celle du Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles), la reprise historique à caractère revendicatif (Les Clash qui détruisent le premier album d'Elvis dans une tentative de meurtre du père "no Elvis, no Beatles, no Stones"...), la reprise mimétique (Boris qui rejoue à l'identique le Bryter Layter de Nick Drake), la reprise mimétique à un détail près (Liars vole le Strategies against Architecture d'Einsturzende Neubauten et met à mal les fondations de l'appartenance).... Les exemples sont nombreux et dénotent tous d'une opération qui s'attache tout autant à l'hommage qu'à la critique, entre amour et haine, initié et profane, communautarisme et individualisation. La reprise visuelle étonne et séduit tout autant que la reprise musicale, tant qu'elle est consciente et pertinente.... Vous en reprendrez bien un petit peu ?
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Apprendre les couleurs en s'amusant....

... un jeu Danger Mouse, un jeu intelligent !
Oui, si vous mélangez le noir du black album de Jay-Z avec le blanc du white album (éponyme) des Beatles, vous obtenez du gris, celui du grey album de Danger Mouse. Chant de Jay-Z remixé sur des samples des Beatles, c'est brillant et ça s'appelle du mashup. Certes Beatallica l'avait fait avec le black album de Metallica et les white album des Beatles, mais quand on voit le résultat, on se dit qu'associer deux univers contradictoires requiert tout de même une bonne dose de talent et de création personnelle... ce qui n'est semble-t-il pas donner à tout le monde.
Dans les albums noirs,n'oublions pas celui de Prince bien sûr.... Dire que tout est parti des Beatles, et que la palette depuis n'a cessé de s'agrandir : l'(excellentissime) brown album de Primus, le Pink album de Boris, l'arc-en-ciel de Weezer (la trilogie éponymes brillamment orchestrée) : blue album, green album, red album. Il y en a décidément pour tous les goûts : à vous de faire vos propres mélanges désormais....

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Merry Christmas at Chocolate Shop.

Les fêtes de Noël approchant, il est temps de se préparer aux festivités. Les américains de Low signent pour l'occasion un des plus beaux et des plus inquiétants clips de l'année. Le budget minimal n'empêche pas l'adéquation parfaite entre musique et image.... N'est-ce pas ce que l'on demande fondamentalement à un clip ?
L'interaction avec le spectateur, le questionnement des enfants, la peur qu'ils transmettent, l'ambivalence des sentiments qui les et nous parcoure est une réussite totale, digne des meilleures vidéos d'artistes.
La question que l'on pourrait se poser alors serait : Mais que voient-ils ; quel est donc ce Père Noël qui inquiète tant les enfants ? Paul McCarthy le délicat apporte un début de réponse...

Low - Santa's coming over :


Paul McCarthy :

lundi 20 octobre 2008

Do not store in a protective package.

Quoiqu'en pense ou insinue Christian Marclay, le disque ne peut se passer de pochette. Et pas uniquement dans un but pratique de protection. L'album censuré Nevermind the Bollocks des Sex Pistols ne se vendaient pas dans sa version emballée dans du papier blanc. Pourquoi ? Parce qu'il manquait ce qui a (aussi) fait la force de cet album, la mythique pochette de Jamie Reid.
De ce fait, on ne peut que rendre hommage à la salutaire exposition "Cover Record" à la Galerie Immanence à Paris du 4 octobre au 1er novembre. Décidant de revenir sur les liens unissant l'art et sa déclinaison graphique sur le support musical, l'exposition intègre autant les standards du genre que les sorties plus confidentielles des éditions d'artistes. Il n'en ressort que l'immense qualité artistique des créations et leur formidable interaction conceptuelle. Et l'oeuvre-pochette de Marclay sur "Record without a cover" n'en est qu'un formidable exemple....

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Christian Marclay - Record without a cover :
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L'histoire du Rock'n'Roll n'aura pas lieu.

Un des logos les plus emblématiques de l'histoire du rock'n'roll reprenant les lèvres les plus célèbres de l'histoire du rock'n'roll (disons des lèvres encore en activité). Le design est signé John Pasche et apparaît pour la première fois sur une des pochettes les plus connues de l'histoire du rock'n'roll (entre entités les plus charismatiques de l'histoire du rock'n'roll, on se comprend...). La fermeture éclair de Warhol fit beaucoup de bruits (pas qu'à l'ouverture...) et de mal aux vinyls, tant et si bien qu'il fallut la baisser légèrement afin de préserver l'intégrité du disque, quitte à empiéter sur la (relative) bienséance initiale.
Deux artistes, Nils Guadajin et Claire Trottignon, ont décidé de s'accaparer le "lips and tongue" pour le reproduire sur la pelouse du château de Chambord, pour une oeuvre intitulée "le concert des Rolling Stones n'aura pas lieu". Si l'hommage à Giraudoux paraît peu plausible, on songe plutôt aux publicités démesurées et à l'ampleur de manifestations débordant du simple cadre de la musique. S'il est intéressant de noter que les interactions patrimoine / art contemporain fleurissent actuellement comme les viola cornuta sur le Split-Rocker de Jeff Koons à Versailles, toute initiative de confrontation demeure toujours intéressante... Même s'il est dommage que les Stones n'ait pas décidé de finalement jouer à Chambord.

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Sticky Fingers, version espagnole - tellement plus soft.... :
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jeudi 18 septembre 2008

Thomas Lélu : What is this shit?

"What is this shit?". C'est avec cette phrase assassine que Greil Marcus débute sa chronique de l'album Self-portrait de Bob Dylan. La question ne se posait pas seulement à la charmante pochette auto-réalisée par le grand Zimmerman, mais à l'album dans son ensemble. C'est le cri de la déception, de la frustation liée à la redescente après des chef-d'oeuvres tels que Blonde on Blonde, Highway 61 revisited ou The Freewheelin'.
"What is this shit?", c'est la question que l'on se pose quand on voit les dernières pièces de Thomas Lélu. Après la série des After franchement brillante jusque dans son humour sous-tendue et un Manuel de la photo ratée dans la même lignée, on reçoit une sacrée douche froide. Les photos pornos peinturlurées ou les jeux de mots-ramucho (after Bigdil) du genre Air de Paris Hilton, Emmanuel Perrotintin au Congo.... ne sont pas dignes d'un artiste en qui on a pu fondé quelques espoirs salvateurs.
D'accord, Self-portrait est un double album, donc long dans sa fadeur, mais Dylan a su relever la barre après ça. Il faudrait donc voir à ce que cette période ne dure trop longtemps pour Thomas. La dernière pièce Untitled présentée chez Cosmic Galerie (impression superposant une oeuvre de McCarthy sur une de Lewitt) n'est franchement pas là pour nous rassurer.
Attention, M. Lélu. Vous risquez de ne jamais avoir droit à votre "Never Ending Tour".....
"Self-portrait", Bob Dylan :
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Thomas Lélu :
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lundi 15 septembre 2008

Mechanical Animals : le polyptyque de Manson.

Il y a 10 ans de cela, Marilyn Manson sortait la pierre angulaire de son triptyque. Mechanical Animals marquait la véritable révolution de Manson et affichait un réel goût de la provocation, bien plus pervers et profond que les attaques de front menées jusque là.
Conçu comme un dyptique, l'album est traité comme une oeuvre d'art pop. La longue liste des références visibles englobent notamment Warhol (comme toujours....), mais aussi Orlan, Vanessa Beecroft, Olaf Breuning, Matthew Barney ou Jean-Pierre Raynaud.... Le "Great Big White World" d'ouverture permet de s'immiscer dans la perspective aseptisée de la maison monacale de l'artiste français. Vouée à l'auto-destruction, les deux oeuvres se moirent dans leur décadence contenue.
Si le "Rock est mort" avec cet album, il est mort heureux....
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Jean-Pierre Raynaud :
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samedi 30 août 2008

"Soldats, du haut de ces Pyramids...

.... 40 ans de Rock vous contemplent". Effectivement, de l'album éponyme des Beatles à cet éponyme Pyramids, c'est toute l'histoire de la plus grande aventure musicale du siècle passé et présent qui est évoqué. Mais que l'on ne se méprenne pas. Ce Pyramids, comme son illustre aîné, ne ressemble à rien, enfin, à personne. Et c'est ce qui fait la marque des (très) grands disques. Pas de doutes possibles, ces Pyramids énigmatiques (rien ne filtrant sur leurs identités), sont très prometteurs. Pas pour déclencher une "Pyramids mania" certes, mais pour entrer dans le triangle très limité des groupes novateurs et fascinants.
En plus, ils ont eu le bon goût de prendre l'oeuvre "Study for earthwalker (caribou)" de Mr & Mrs Morison pour couverture. Ajoutons que même le disque bonus de remixes est bon.... C'est dire s'ils flirtent avec la perfection.
Restera désormais à confirmer et, si possible, être capable de mener à terme le style qu'ils ont sur créer.
Ah oui, et si la prochaine Pyramids pouvait être un peu plus haute, ce serait pas mal non plus. Parce que 31 mn, c'est bon, mais c'est trop rapide à escalader.... Et Dieu que la chute est brutale après !

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mercredi 20 août 2008

Peter Saville : power, corruption & lies.

Peter Saville, le mythique créateur de pochettes de disques (évoquer seulement le travail réalisé sur Joy Division suffit d'ailleurs à lui assurer une place au panthéon des maîtres absolus du graphisme musical....), a lancé une déclaration de guerre. Enfin disons qu'il a plutôt prononcé l'oraison funèbre de l'artwork contemporain : "L'art de la pochette d'album est mort. Nos mains sont tâchées d'un désastre social. Quand j'avais 15 ans, voir une illustration d'Andy Warhol sur un disque du Velvet Underground fut une révélation... C'était l'art de notre génération... Du vrai pop art."
Alors certes, il y a une réelle perte dans la qualité des pochettes de disque proposées ces dernières années, la faute à une multitude de facteurs allant de la dématérialisation de la musique à la chute du marché du disque, engendrant une frilosité et un repli, proche de l'instinct de survie, chez les maisons de disques. Il n'empêche, des pochettes magnifiques continuent d'émerger, venant de groupes connus (White chalk - Pj Harvey) ou plus confidentiels (Random Avenger - Magyar Posse), dignes même de Factory (Strawberry Jam - Animal Collective).
Les propos de Saville sont sans doute un cri d'alarme qui mérite d'être entendu, écouté et suivi, et D&G se pose dans une volonté de poursuivre cette innovation constante, réglant ses pas sur ceux de l'art et marchant dans les traces du label de Madchester. D'un autre côté, reprenant une citation désormais célèbre (issue d'une culture, disons, populaire) qu'adressa W.S. à M.D., la volonté est grande de lancer, à notre tour, à Peter Saville : "Ta gueule, l'ancien !".

Légendaires, on vous dit....
Power, corruption & lies - New Order, création PSA (front):
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(& back) :
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Always now - Section 25, création Saville & Grafica Industria :
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