vendredi 15 avril 2011

Found Flower Looking.

Le mois dernier, les fashionistas se rassemblaient pour découvrir les dernières créations des grands noms mais aussi des jeunes pousses de la mode. Nouvelle occasion pour voir comment la haute couture fait les yeux doux à l'art. La chose n'est pas nouvelle mais les rapprochements avec l'art contemporain s'affirment. Chaque fashion week est un événement en soi et entraîne dans son sillage nombre d'événements artistiques, on parle même désormais de "Art Week". Beaucoup de galeries proposent des vernissages, des artistes ont une soudaine envie de performances et les soirées arty sont légions.

Mais au-delà de ces croisements factuels, il y a ceux qui produisent ou tentent de produire du sens.
Derniers en date : les efforts de Maia Norman, qui n'est autre que la femme de Damien Hirst. A la tête de Mother of Pearl, elle propose pour l'été des tenues légères et finement conçues dont le graphisme reprend des oeuvres de Jim Lambie. Abusant du all-over, ces créations ne trahissent pas l'univers coloré, franc et décalé de l'artiste.

motherofpearl

On retrouve donc imprimées des pièces maitresses de ses dernières productions comme ‘Acid Perm’ ou les magnifiques ‘Found Flower Paintings’.
L'écossais n'en est pas à son premier essai. On se souvient de ses baskets "oculaires" chez Adidas...

jim lambie adidas

Ce jeux est toutefois pernicieux et interroge. L'oeuvre quitte son statut et devient, on en parlait récemment, un simple motif.
Quant on sait que les référents de Jim Lambie proviennent de la culture populaire, de la low culture, son oeuvre ne risque-t-elle pas alors l'étiolement ? Les fleurs ne risquent-elles pas de se fâner même figées sur de la crêpe de Chine ? Il semble heureusement que la puissance de ce travail l'en protège largement !

jeudi 31 mars 2011

Logo upon logo upon logo.

La question du motif se pose dans tout désir créatif. Cette forme esthétique qui induit une lecture peut être répétée, reprise de façon régulière ou non. C'est avant tout l'invention d'un signe, une intention portant un discours. Il est celui qui pousse à agir mais parfois pas pour de bonnes raisons.

Le logo de groupe, entité graphique à part entière, acte volontaire, connait une existence prolongée au-delà même du champ musical. Il est devenu un motif, décoratif parfois, réflexif dans certains cas, et se voit réutilisé sans retenu dans des domaines aussi variés que l'art, la mode, la déco...

Le réceptacle le plus sur pour un tel motif reste celui de l'art contemporain : Jay Heykes, Andrea Mastrovito, Ryan Humphrey, ou encore Jo-Anne Balcaen l'ont analysé à leur manière, le maltraitant parfois, l'utilisant toujours comme support de la pensée... Matias Faldbakken, avec un détachement feint, parvient à l'inclure de façon habile et intelligente à un travail minimalisant.

matias faldbakken
Matias Faldbakken, Untitled (slayer upon slayer upon slayer), 2007

ryan humphrey
Ryan Humphrey, Helter Skelter, 2010

Mais cette surenchère de récupération s'use, et finirait presque par lasser. Et l'on s'abstiendra d'analyser le geste d'H&M qui propose des t-shirts des Ramones et autre Motorhead à bas prix !
Le designer Pierre Blanc, et son garage, signe peut-être l'arrêt de mort du logo et de son utilisation décalée. Cette série initiée en 2009 présente des vases en céramique ornés du mythique crâne des Misfits ou du légendaire et imposant Kiss et sa fonte de caractères si reconnaissable... Le téléscopage un peu forcé n'étonne plus et le rendu, même s'il peut faire sourire, ne marquera pas davantage les esprits.

pierre blanc

Là où il est question de vie et de mort du logo... La résurrection avant la mort ne découle pas forcément d'un miracle.

lundi 28 février 2011

Kanye West- George Condo-léances.

Alors que Kanye West batifolait avec Takashi Murakami en 2007, il se tourne fin 2010 vers George Condo pour la réalisation de son dernier album My beautiful Dark Twisted Fantasy... Nait alors une nouvelle amitié.

my beautiful dark twisted fantasy

Kanye se fait modèle, Condo explore le cubisme, les thèmes classiques, shakespeariens et religieux. Un ensemble de 9 peintures a été réalisé, 5 seront conservées pour l'artwork de l'album. La pochette, choisie par le rappeur, fut censurée... Ce qui arrangea sans doute ce dernier !

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Une collaboration aux allures de commande entre mécène et artiste qui permet aux deux protagonistes un retour sur le devant de la scène ! Quoique, l'artiste George Condo, ouvrant son exposition personnelle Mental States au New Museum de New York semblait pouvoir se passer de ce coup de pouce... (surtout quant on voit comment les graphistes ont recadré l'oeuvre originale !)

george condo-west

lundi 21 février 2011

Joao Onofre : nouvelle Anésidora.

Le Palais de Tokyo ferme (ses salles d'exposition pour travaux) et d'autres enferment...
Dans le hall et jusqu'à fin mars, un cube de 183 cm de côté s'impose et expose par moment les restes de performances. L'oeuvre Box Sized Die de Joao Onofre consiste bien en une boite, celle de pandore ou surréaliste, qui devient, le temps de performances sportives, une scène particulière.

die joao onofre

Cette pièce est directement influencée par l'oeuvre de 1962 Die de Tony Smith. Le cube minimal, pièce majeure dans le travail de l'artiste américain, et bien que fabriquée industriellement, apparait comme un monument. Mais sa dimension (qui équivaut environ à celle d'un homme) en fait un bien modeste monument. L'oeuvre nous invite surtout à reconsidérer l'espace, notre rapport à celui-ci par le biais de l'art. Son titre pourtant laisse un certain mystère. S'il est un dé, on questionnera notre perception des choses et notre condition propre, mais s'il évoque la mort, sommes-nous face à un tombeau...?

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Darkmoon prépare son "concert"

Cette piste mortifère aura sans doute marqué profondément ce jeune artiste portugais. En effet, depuis 2007, Joao Onofre redonne à ce cube une fonction et nous dévoile son contenant. Il y place en effet à chaque fois des groupes de Death metal locaux (selon le lieu d'exposition de la pièce) qui, malgré des conditions extrêmes, jouent un set jusqu'à ce qu'ils en viennent à manquer d'air (le record étant de 20 mn). Le cube garde son mystère pendant la durée de la performance dont seuls quelques tremblements, souffles et sonorités s'échappent. Il parvient ainsi à animer un objet mort, à donner à une sculpture une dimension expérimentale palpable. Mais surtout, en choisissant des groupes de ce genre extrême, il donne une lecture macabre et peut-être redondante à l'oeuvre référante. Avec le death metal où tout n'est qu'asphyxie, peur, et aggression, par renversement tautologique, il fait finalement subir aux musiciens eux-mêmes l'essence même de leur musique...

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No Return se produira tous les jeudis durant la période d'exposition de l'oeuvre à Paris.

Colophon géographique du Death Metal au service de Box sized Die:
No return à Paris
Gorod à Bordeaux
Darkmoon à Bale
Konkhra à Copenhage
Sacred Sin à Lisbonne
Xenolith à Tel Aviv
Vidres a la sang à Barcelone

vendredi 28 janvier 2011

le lac mort de Nico Vascellari.

Alors qu'hier avait lieu le vernissage de la première exposition française en galerie de l'italien Nico Vascellari, il est temps pour nous de dresser le portrait de l'artiste en musicien...

Le lac est mort comme le sommet de cette montagne dont il a récupéré la puissance esthétique et sonore en la coulant en bronze. Une sculpture monolithe se dresse au centre de la galerie et devient le temps d'une performance l'instrument d'un rituel orchestré. Nico Vascellari se souvient de son affinité avec les thèmes morbides qu'il conceptualise aujourdhui et transpose dans la sphère de l'art contemporain. Ils viennent de ses amours de jeunesse, de sa passion pour le metal et la musique hardcore. Chanteur du groupe noise With Love, il capture, dessine, emmagasine ses expériences scéniques. Puis il quitte le dispositif du chanteur pour incarner celui du performer. En 2003, dans une galerie de Florence, accompagné de son groupe, il présente une performance intitulée A great Circle. En 2006, c'est timidement qu'il montre une série d'oeuvres, vidéos et performances, inspirées du groupe Slayer.

vascellari
de gauche à droite : N. Vascellari, Stephen O'Malley, John Wiese

Mais petit à petit, avec les With Love, les performances se radicalisent, se précisent. Certaines voient la créations de costumes spécifiques, d'autres sont réalisées en collaboration avec des musiciens incontournables comme John Wiese ou Stephen O Malley pour la Biennale de Venise de 2007 par exemple. Les lieux de monstration sont parfois incongrus comme dans un hotel. Mais en 2009, avec son groupe hardcore Largo Morto, il mène un projet collectif particulier dans sa ville natale et pousse le concept d'incongruité plus loin: 15 concerts pendant 15 jours, tour à tour dans des laveries, librairies, boutique de cd, bars... Ce projet a été ensuite présenté à la Kunsthalle de Graz sous forme d'installation vidéo. En 2010, il monte enfin le groupe Ninos do Brasil, dont la musique mélange des sonorités typiquement brésilienne à une noise explosive sur fond de hardcore avec lequel il donne une performance instinctive et décadente pour l'ouverture d'un nouvel espace en Italie.

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Ninos do Brasil, 2010

Nico Vascellari est très productif et son oeuvre protéiforme suit de près ses expériences musicales souvent fondées sur un principe fédérateur et sur des opportunités de socialisation. S'il a d'abord été musicien, on comprend vite aujourd'hui que sa pratique performative s'inspire largement de ces expériences musicales passées et que ces différents groupes qu'il fait bourgeonner ça et là sont en réalité l'expression d'une démarche riche et singulière. Il y a dans tout cela suffisamment de mystère, d'impulsions sacrées et de dévotion pour faire de cet artiste un chaman moderne. Un chaman qui risque pourtant à chaque instant de se noyer dans tous ses symboles...

vendredi 31 décembre 2010

2011.

2011 se profile, comme un nouvel horizon porteur d'espoir...

L'artiste français Claude Closky et son humour (noir) nous invite au jeu du hasard. Entre prédictions et sortilèges, votre destin se joue en un clic. En accédant sur ce lien vous saurez si la chance vous sourira pour cette nouvelle année. Un crochet (le 2) retient une cible (le zéro) vers laquelle sont lancées des flèches providentielles (deux uns).
Comment sera votre 2011 ?

closky
closky

lundi 20 décembre 2010

Rihanna : attracteur étrange.

A seulement 22 ans, la chanteuse Rihanna est un étrange phénomène. Cinq albums, quelques dizaines de millions d'albums vendus, la jeune américaine impose un style, un look entre le kitsch de famille de Beyoncé et l'extravagagance de Lady G.
Si une analyse conjointe de l'évolution de son succès / ses tenues, coupes de cheveux / sa musique, serait un parallèle des plus intéressants à faire (est-elle simplement très bien conseillée ou a-t-elle un réel contrôle et une sensibilité au zeitgeist qui en fait une force de proposition irrémédiable ?). Toujours est-il qu'elle semble attirer le succès de manière complètement naturelle, sans questionnement ni remise en question.

Son dernier single, Only Girl (in the world), Rihanna (ré)invente la chanson remixée. En effet, le titre semble être le remix d'une chanson pop, que l'on ne connaîtrait pas, et qui resterait du coup à écrire (le remix, le vrai). Elle anticipe ce que serait la version "dance" de son titre et le propose comme une projection futuriste où le remix serait l'original. Quand on vous dit qu'elle est une Pythie moderne....

Pour le clip qui accompagne ce titre, elle se permet un clin d'oeil appuyé à une des oeuvres iconiques de l'artiste japonaise Mariko Mori, elle aussi travaillant un futur irréel, fait de délicat chaud-froid. On remarquera que les êtres fantastiques se sont mués en sondes de couleurs, entre métamorphose et retour au réel.

Rihanna
Rihanna - Only Girl (in the world)

Mariko Mori
Mariko Mori - Pure Land

Oui, les stars aiment à s'élever dans le ciel, drapées de longs voiles colorés.... Une distraction comme une autre....

Rihanna2
Rihanna - Only Girl (in the world)

Mylène Farmer
Mylène Farmer - l'Âme Stram Gram

Madonna
Madonna - Frozen

Si l'on ne procédera pas à un récapitulatif des utilisations de feux d'artifices dans l'art contemporain, pas plus qu'on jugera des similitudes à certaines pièces du land art dans le début du clip, on pourra noter tout de même que l'arbre qui conclut ce dernier pourrait être considéré comme une version hollywoodienne de celui magnifiquement pathétique de Philippe Parreno dans Crédits.

Certains, enfin, pourront être amenés à regretter qu'elle n'ait pas choisi de copier un autre artiste japonais, Nobuyoshi Araki, à la place de Mariko Mori, qui s'amuse avec d'autres sortes de balançoires.... Question de goût sans doute.
Nobuyoshi Araki
Nobuyoshi Araki

Rihanna le sait, tout attracteur étrange mène irrémédiablement vers le chaos. Le sien jaillira-t-il sous une forme remixée ?

Atlas but not least : map of metal.

Le metal est un genre musical des plus vastes et plus d'un a pu s'y perdre... Les styles se croisent mais se subsument toujours à d'autres catégories. Il est fait d'entrelacs, de téléscopages et de tentatives micéllaires parfois extrêmes. Aussi, depuis que cette branche du rock amplifié fait de larsens, de martèlements de batteries et de chants gutturaux s'est développée, nombre d'historiens ont tenté de classifier, d'ordonner et de désigner chacun des sous-genres qui la composent. D'autres, de manière plus ludique et personnelle, comme Chuck Klosterman, l'ont honoré au travers de leurs délires narratifs et joussifs. Mais c'est un australien, Patrick Galbraith qui finalement réussi le mieux à en donner une version à la fois historique et ludique... Plus de raison de vous perdre : voici la carte du métal.

map of metal2

Avec l'aide d'un rock-critic Nick Grant, ce designer a donc mis au point la mappemonde d'un territoire imaginaire riche où les styles musicaux sont des pays. La terre principale serait celle à proprement parler du metal, les genres influents seraient insulaires et les fuseaux horaires, devenus des chaînes, révèlent une chronologie. Le graphisme, très DIY en apparence, explore différentes matières textiles (denim, cuir, imprimés) et joue avec les symboles (clichés). Des fils de coton relient les genres entre eux avec nonchalance et simplicité pour une navigation totalement fluide.

map of metal

Les principaux genres sont représentés et l'écoute des groupes phares de chaque scène permet une véritable immersion. Bien sûr, on pourrait vétiller et discuter certains détails (Pantera c'est du Power metal, on ne dit pas rap metal mais fusion, Slayer est à l'origine du Trash metal et non Venom, où est le Blackened Doom...) mais cette carte permet un réel voyage culturel, et se prendre pour un Magellan metalhead, c'est plutôt plaisant... Il n'y a pas à dire, c'est une "putain de bonne idée" !

mardi 30 novembre 2010

Appetite for destruction.

Les fêtes approchant, la question du parfait cadeau se pose et les infinies recherches et quêtes du graal commencent...
Au rayon librairie, des ouvrages peu communs vous tentent peut-être comme ces livres de cuisine un peu particulier : The zombie cookbook mélangeant contes, poèmes et recettes, des plus jouissifs ! Ou peut-être serez-vous attiré par le non moins étrange Get Sick And Turn Blue Cookbook de M. E. Samonek dans lequel sont présentées les recettes les plus écoeurantes et les plus immondes possibles... On en salive déjà ! Ou enfin le relativement plus inquiétant The cannibal cookbook de Nicolas Castelaux.

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Aquatic Wall, Sun Yuan, 1998. Une petite suggestion d'accompagnement ?

Premier livre de cuisine du genre qui permet d'inviter ses amis pour le dîner (c'est-à-dire dans l'assiette). Sorti en septembre 2009, ce livre de recette singulier, qui aurait sans doute plu au groupe d'artistes japonais Cadavre, peut déranger et ce pour deux raisons : son contenu et son auteur. Si l'anthropophagie reste somme toute tabou, cet acte n'est pas répréhensible dans notre législation. Mais les (mé)faits cannibales survenant la plupart du temps à la suite de meurtres sont bien sur condamnés (cas récent en France, Nicolas Cocaign). On se demande dès lors quelle serait la pertinence et l'utilité d'un tel ouvrage.
Mais son auteur maitrise toute les subtilités de l'art nécrophage pour l'avoir fièrement pratiqué lui-même. Ce Nicolas Castelaux (nom d'emprunt on l'aura compris) se présente comme un peintre et écrivain, sataniste qui plus est. Collaborant depuis peu avec les éditions Camion Noir (intronisé par le non moins irrévérencieux Jean-Paul Bourre), il a sorti plusieurs ouvrages, notammant sur les Serial Killers ("Je tue donc je suis", "Richard Ramirez, le fils du diable", et bientôt sur Ted Bundy) son sujet de prédilection. Et pour cause, cet ancien prisonnier se découvre peu à peu, au fil des recherches sur la toile. En greffant à son nom quatre lettres anglicisantes, il croyait pouvoir se cacher derrière un "château". Accusé de profanations de sépultures (il recupérait des ossements humains pour faire des autels de bons goûts), condamné pour mutilations et actes de cannibalisme (il volait des membres dans des morgues pour son dîner), il fera 6 ans de prison (au lieu des 12 prévues). Durant ces années d'enfermement, il déploie un travail pictural et épistolaire centré sur les figures de grands meurtriers.

Ce vampire médiatique (figure mythique pour certain) a su faire (bon ?) usage de ses connaissances. On ne lui reprochera pas d'avoir réussi une reconversion même dans le soufre. Il garde malgré tout une aura malsaine et inquiétante qui lui permet sans doute d'être le mieux placé pour parler des serial killers (qui fascinent toujours autant, cf : les murderabilia). Ce Nicolas C. recherche un anonymat de surface mais jouit allegrement de son statut ambigu.
Mais on ne peut pas rester insensible à ce lourd passé qu'il traine et quelque chose nous retient à lire Mayhem & Burzum a feu et à sang (on comprendra son intérêt pour Oystein Aarseth qui partage son goût déviant pour la chair humaine). Quand le folklore dépasse la réalité, la folie devient acceptable et la cruauté humaine s'expose et s'explore... jusqu'à l'os !

mayhemetburzum

mercredi 10 novembre 2010

FIAC : Album review-10.

L'édition de cette année a été plutôt généreuse, riche et impressionnante. Beaucoup d'encre a coulé autour de ces quatre lettres libérant les envies et répulsions de chacun. Il est question ici d'établir le symposium des oeuvres vues se réferrant de manière plutôt explicite à la musique. On ne va pas faire comme ces magazines musicaux qui dans leurs reviews parfois incendiaires affublent dédaigneusement les productions de plus ou moins d'étoiles. Notre séléction subjective et limitée par une profusion enivrante s'est aiguisée sous les mots de Bennett Simpson "L'infiltration de la pop musique est plus intéressante dans l'art dès lors qu'elle permet des contradictions spécifiques à l'art lui-même."

Ivan Navarro, Wail, 2010
Néons, batterie en fibre de verre, miroirs, miroir sans teint et électricité
chez Daniel Templon
ivan navarro
Un clin d'oeil à Dan Flavin et une pleine conscience du détournement de l'instrument, l'artiste chilien nous dévoile ici la profondeur abyssale de la musique...

Victor Man, Faust, 2008
Photo encadrée et pot de peinture
chez Blum and Poe
victor man
Son oeuvre est pour le moins intrigante et cette pièce le confirme. Mais l'allusion à Faust, par la peinture elle-même, nous invite à repenser un certain minimalisme (musical ?).

Terence Koh, Adansonias, 2009
piano, lustre, peinture, perles
Chez Thaddaeus Ropac
terence koh
Les touches noires du piano ont été ôtées dans une tentative de purification du signe. En shaman dandy, Terence Koh poursuit sa quête du sublime, mais l'arme de Damoclès menace.

Alexander Gutke, 1,2,3,4 , 2010
Digital video
chez Gregor Podnar
alexander gutke
Rappelant sa vidéo Solo de 2004 où une baguette de batterie voletait continuellement dans l'air, cette pièce tourne à l'absurde les décomptes du batteur pour n'en faire qu'un brouhaha hasardeux et infini. L'homme disparait derrière la volonté créatrice de l'instrument lui-même.

Steven Shearer, Hollow body, 2010
photolaminate et acrylique sur toile
Chez Eva Presenhuber
steven shearer
Bien que prise de biais, la photo restitue toute la singularité de cette oeuvre du grand Steven Shearer. Une forme ovoïdale enferme deux guitaristes kitschs dévêtus mais parés du membre indispensable à leur puissance machiste, ici une guitare. Comme un oeuf duquel sortirait tous ces anonymes amateurs qui, par l'art, deviennent iconiques.

Robert Longo, Study for Rock Concert, 2009
fusain sur papier
chez Metro Pictures
robert longo
A peine dévoilée au regard du public, cette pièce préparatoire témoigne, malgré un format réduit, d'une grande puissance. Celle d'un artiste talentueux qui se souvient ici de ses rêves de l'époque des Menthol Wars.

Valentin Carron, Untitled, 2009
bois, clés d'accordage
Chez Eva Presenhuber
valentin carron
Cette vraie/fausse guitare nous trouble par sa facture minimale et questionne son identité propre ainsi que sa réalité fonctionelle. Celui qui s'amusait à détourner les fameux solos d'Hendrix se joue de modestie et de discrétion en presentant cette oeuvre simple mais néanmoins percutante. Une guitare carrée comme un hommage à/au Bauhaus ?