lundi 20 décembre 2010

Rihanna : attracteur étrange.

A seulement 22 ans, la chanteuse Rihanna est un étrange phénomène. Cinq albums, quelques dizaines de millions d'albums vendus, la jeune américaine impose un style, un look entre le kitsch de famille de Beyoncé et l'extravagagance de Lady G.
Si une analyse conjointe de l'évolution de son succès / ses tenues, coupes de cheveux / sa musique, serait un parallèle des plus intéressants à faire (est-elle simplement très bien conseillée ou a-t-elle un réel contrôle et une sensibilité au zeitgeist qui en fait une force de proposition irrémédiable ?). Toujours est-il qu'elle semble attirer le succès de manière complètement naturelle, sans questionnement ni remise en question.

Son dernier single, Only Girl (in the world), Rihanna (ré)invente la chanson remixée. En effet, le titre semble être le remix d'une chanson pop, que l'on ne connaîtrait pas, et qui resterait du coup à écrire (le remix, le vrai). Elle anticipe ce que serait la version "dance" de son titre et le propose comme une projection futuriste où le remix serait l'original. Quand on vous dit qu'elle est une Pythie moderne....

Pour le clip qui accompagne ce titre, elle se permet un clin d'oeil appuyé à une des oeuvres iconiques de l'artiste japonaise Mariko Mori, elle aussi travaillant un futur irréel, fait de délicat chaud-froid. On remarquera que les êtres fantastiques se sont mués en sondes de couleurs, entre métamorphose et retour au réel.

Rihanna
Rihanna - Only Girl (in the world)

Mariko Mori
Mariko Mori - Pure Land

Oui, les stars aiment à s'élever dans le ciel, drapées de longs voiles colorés.... Une distraction comme une autre....

Rihanna2
Rihanna - Only Girl (in the world)

Mylène Farmer
Mylène Farmer - l'Âme Stram Gram

Madonna
Madonna - Frozen

Si l'on ne procédera pas à un récapitulatif des utilisations de feux d'artifices dans l'art contemporain, pas plus qu'on jugera des similitudes à certaines pièces du land art dans le début du clip, on pourra noter tout de même que l'arbre qui conclut ce dernier pourrait être considéré comme une version hollywoodienne de celui magnifiquement pathétique de Philippe Parreno dans Crédits.

Certains, enfin, pourront être amenés à regretter qu'elle n'ait pas choisi de copier un autre artiste japonais, Nobuyoshi Araki, à la place de Mariko Mori, qui s'amuse avec d'autres sortes de balançoires.... Question de goût sans doute.
Nobuyoshi Araki
Nobuyoshi Araki

Rihanna le sait, tout attracteur étrange mène irrémédiablement vers le chaos. Le sien jaillira-t-il sous une forme remixée ?

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