Scott Matthew - Dépouillement au-ce-stral
Wolves in the Throne Room - Envoûtement désenchanté
SOMA/Oren Ambarchi/Keiji Haino - Puissance et nuisance du nombre
Rien ne rapproche ces trois projets si ce n'est que tous se sont produits sur une scène parisienne ces derniers jours. Les émotions diffèrent, les impressions s'entremêlent, chaque soirée a délivré son lot de surprises et de satisfactions, quoique...
A chaque fois, ce fut une première, ce qui induit une certaine attente, une certaine curiosité. Bilan.
- Le premier dans un élan de générosité et de partage a délivré ses nouveaux morceaux dans un dépouillement des plus chaleureux. Un set simple, sans fioriture, avec juste ce qu'il faut d'humour et d'intensité. Chez les plus émotifs, Scott Matthew aura su tirer quelques larmes par sa voix de velours qui, accompagnée de son choriste, prenait toute son ampleur. Un beau moment !
- Les WITTR étaient très attendus. Leur intelligence musicale nous laissait espérer le meilleur sur scène. Musicalement, les 3 Olympians ont su porter leur flamme jusqu'au sommet mystique et atteignirent gracieusement la lignée céleste. Mais si l'ouïe jubile, la vue déchante. Ce groupe a su se démarquer par la cohérence absolue de sa démarche, ses innovations vis-à-vis du genre parfois trop étriqué du black metal et séduit par son attention particulière portée aux visuels et aux ambiances. Or, malgré la présence de lampes à huiles cérémonielles, l'attitude des deux guitaristes renvoient le groupe dans les clichés les plus ennuyeux du metal et du black metal : jambes écartées, headbanging et tournoiements de cheveux, Flying V blanche, laser bleu sur le manche des guitares... Il y a comme un décalage entre l'ingéniosité musicale et la banalité du jeu scénique. Dommage !
- Enfin la rencontre de trois sommités de la musique expérimentale nous promettait une explosion sonore intense riche en créativité et en improvisation mesurée. On est surpris d'emblée par la fonction attribuée à deux d'entre eux. Oren Ambarchi, malgré ses qualité de multi-instrumentiste est assigné à la batterie, et Stephen O'Malley, pour qui les nappes sonores n'ont plus de secret, à la basse... Chacun tente de trouver sa place mais la présence charismatique de Keiji Haino vient comme écraser les tentatives des deux autres. On s'attendait à voir réunis les talents des trois musiciens au profit d'une musique forte de leur touches singulières mais finalement, le kamikaze Keiji a pris totale possession de l'événement. Le cadre très précieux de la Gaité Lyrique a semblé trop étroit pour nos mousquetaires bruitistes qui terminant leur set dans une obscurité imposée, ont bien failli voir leur son coupé. L'addition 1+1+1 ne semblait pas pouvoir donner un résultat unique.
Le passage sur scène peut être un exercice périlleux. Certains le font par obligation, d'autres par plaisir. Si sur le papier, le projet réjouit toujours, sa réalité peut surprendre, voire décevoir. Mais c'est toujours une chance de donner corps à la musique qui petit à petit semble disparaître dans une virtualité extrême.
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