jeudi 15 octobre 2009

Rien n'est vrai, tout est permis.

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Death in June est un groupe mythique, mystique et mystérieux. Des ambiances funéraires et glaciales se déploient par une musique "dark folk" mais également par un souci constant à l'élaboration d'un univers complexe. DIJ s'inspire aussi bien de l'occultisme que de l'histoire européenne oubliée (volontairement ou non). Jouant avec des symboles tendancieux (la "totenkopf" ou la "Whip-Hand"), ils parviennent toujours, par téléscopage et confrontation, à construire une imagerie cohérente et puissante. Mais ce qu'ils recherchent avant tout c'est ritualiser la musique.
L'album Nada (1985), particulièrement, (bien que selon Douglas Pierce, Brown Book en serait un meilleur exemple) incarne cette volonté d'explorer à la fois le paganisme, l'ésotérisme et l'histoire. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la pochette mystérieuse qui accompagne l'oeuvre musicale.
Trois hommes (Pierce, Leagas, Wakeford/Tibet ?) de dos, sont face à un mur, comme se recueillant devant un autel. Au sol, une dalle en marbre ornée d'une croix latine se veut être le receptacle sacré d'un crâne et de trois épées. A la fois tapis de loge maçonnique et espace rituel, ce socle, derrière un portail ouvert, nous convie à la "cérémonie". Cette image ambigue, empreinte d'hermétisme, questionne.
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Certains artistes s'y sont d'ailleurs intéressés de près. Le norvégien converti américain Gardar Eide Einarsson présente actuellement à la galerie Bugada/Cargnel une peinture "Nada(1985)" y faisant directement allusion. Dans un jeu de clair-obscur ultra contrasté, cet "outlaw" de l'image n'a gardé que le personnage central (Pierce). Les éléments du décor sont noyés dans cette pénombre inquiètante. On connaît l'intérêt récurrent d'Einarsson pour des sujets controversés imbibés de violence, de questionnement de l'autorité, et d'analyse du pouvoir. Revisitant sans cesse une iconographie riche et hétérogène, il creuse et révèle avec minimalisme ce qui dérange. On peut facilement imaginer ce qui, chez Death In June, a pu l'intéresser. De manière plus distancée, l'artiste anglais Seb Patane a lui aussi fait allusion à cet album dans " 93 dead sunwheels" (il existe deux versions de cette pièce) et à DIJ en général dans l'installation "Kollapsing new people". "93 dead sunwheels" est aussi le titre d'une compilation de DIJ dont la pochette reprend celle de Nada, avec cette fois-ci un néophyte en rite de passage... Aussi, les artistes sont-ils également en quête de ritualisation ou cherchent-ils à nous initier ?
Plusieurs messes sont célebrées : du Palais de Tokyo à la galerie Bugada en passant par la fondation Ricard, Gardar Eide Einarsson prophétise. Et bientôt Seb Patane chez Maureen Paley... On vous aura prévenu...

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Gardar Eide Einarsson, Nada (1985), 2009, acrylique et crayon sur toile, 160 x 120 cm

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Seb Patane, 93 Dead Sunwheels, 2005, pupitres peints, encre, pochettes de dique, 150x80x40 cm