samedi 17 septembre 2011

Golden suicides - Chemical sundown.

Le mythe de l'artiste torturé existe bien encore. Il n'est pas l'apanage de l'ère romantique. Le mythe de l'artiste torturé fait de l'artiste lui-même un mythe. Que son art s'en ressente ou non, certains devenus martyrs sous un geste autolytique laissent une trace sanglante et puissante de leur passage étincelant.


Spiritualized (wears velvet gloves...) (détail), 2002, huile sur toile, 7 panneaux

Avant la disparition prématurée du viking Dash Snow, l'artiste Jeremy Blake, alors en pleine ascension, choisit en 2007 une destinée tout aussi tragique en rejoignant à jamais sa compagne Theresa Duncan.
L'artiste, reconnu comme vidéaste dès la fin des années 1990, a développé un travail autour de l'image d'une intensité réelle dont l'esthétique oscille souvent entre figuration et abstraction. Ses peintures, dessins et autres installations, moins connus, questionnent les fondements de l'art en combinant les différents médias.


pochette de l'album Sea Change de Beck réalisé par Jeremy Blake

Mais ce que l'on retient le plus de Jeremy Blake n'est pas son oeuvre.
Sa vie, croisée à celle de Theresa, créatrice de jeux vidéo, ferait l'objet d'un film. Sous la plume de Bret Easton Ellis au scénario, aidé de Gus Van Sant (pressenti au départ à la réalisation), leur sombre histoire s'étalerait sous la pellicule tranchante de Gaspar Noé. The Golden Suicides, un film pour dévoiler l'étonnante descente aux enfers du couple qui, se croyant persécutés par la scientologie, mis fin à leur jour à une semaine d'intervalle.


Winchester (still), extrait de Winchester trilogy, 2002; DVD avec son; 18 minutes en boucle; courtesy of the artist and Feigen Contemporary, New York

Quant la destinée précipite l'oeuvre dans le mythe, l'art n'est plus rien. Il faut espérer que le film puisse redonner au travail de Jeremy Blake sa richesse qui s'est vue écrasée par l'ombre trop envahissante du drame.
En attendant la sortie de celui-ci, l'exposition de l'artiste à la galerie Kinz+Tillou de New York ouvrant ce 19 septembre, vous fera oublié un temps ce que l'histoire, avec l'aide des médias, a bien voulu retenir de Jeremy Blake.

dimanche 28 août 2011

This musn't be the end.

This must be the place : hasard et concordance.



Entre l'interprétation géniale de Sean Penn, le scénario original et décalé, une relecture de l'histoire inattendue et osée, un hommage appuyé au génie de David Byrne, ce film se déguste pendant 1h57... Quid de la dernière minute, de la dernière scène ? On reste bouche-bée face à cette sortie de route !

vendredi 26 août 2011

In my defens God me defend.

Certains artistes se voient dans l'obligation de trouver un travail disons "alimentaire" pour vivre tout en continuant leur pratique. Mais d'autres, loin d'en avoir besoin, se prêtent volontiers à une commercialisation de leur image...

Dans le cas présent, il y est davantage question d'une fierté culturelle à défendre. Les écossais, sans tomber dans l'indépendantisme, protègent volontiers les valeurs et la richesse de leur nation. Ainsi, même les artistes contemporains se révèlent être des fiertés nationales.
La marque Pringle of Scotland, mythique et classique, est l'instigatrice du projet. Depuis quelques temps elle a su s'entourer d'artistes (Ryan Mc Ginley, David Shrigley) pour concevoir des modèles et créer des événements (comme à la Serpentine Gallery pour leur 195ème anniversaire par exemple). Cette pratique n'est pas nouvelle dans le monde de la mode mais Pringle of Scotland va plus loin, en faisant, des artistes, les égéries de la marque. Leur audace a de quoi ravir...

Douglas Gordon l'année dernière.


Jim Lambie cette année...


Pour la campagne AW 2011, le photographe Walter Pfeiffer, a choisit le cadre de la Glasgow School of Art, rappelant ainsi à Jim Lambie ces jeunes années d'étudiant. Il pose en compagnie de Tilda Swinton autre égérie récurrente et non moins écossaise mondialement reconnue.



Ces artistes contemporains sont bien au chaud, protégés de l'oubli, et définitivement entrés dans l'Histoire (du marketing?)... Avec ou sans Dieu...

mercredi 17 août 2011

Frost in dress.

Alors que Necrobutcher, bassiste de Mayhem (et unique survivant de la formation initiale) se prépare à subir un exorcisme (dans le cadre d'une emission de TV, est-il besoin de le préciser), Kjetil-Vidar Haraldstad aka Frost (batteur de Satyricon ou 1349 entre autres) se dévoile en robe ! Mais où va le black metal ?

Le black metal, bien que sérieusement consumé n'est pas encore totalement déraisonnable et fou. Les cendres sont encore chaudes et crépitent... Elles permettent cependant d'allumer encore bien des feux.
Dans le cas de Frost, c'est sous les ciseaux de Kristian Aadnevk, que sa tête s'est vue apposée au drapé soyeux d'un linceul. Le sacrifice reste entre norvégiens (délicate phrase après les récents événements d'Oslo).



(la photo utilisée par Aadnevk semble être l'un des clichés de Peter Beste... la robe comme dernier maillon d'une chaîne).

Kristian Aadnevk est un styliste norvégien de 33 ans, basé à Londres. D'abord assistant d'Alexander McQueen, il lança sa propre marque en 2004... Pour son défilé automne-hiver 2012, il intitule effrontément sa collection "Black metal". On avait déjà vu l'intérêt porté par la haute couture pour le black metal. Mais ce natif de Bergen (raison évidente de sa connaissance du sujet) a non seulement utilisé le potentiel esthétique du mouvement, il en a aussi récupéré le son, avec l'aide de José Hita. Les mannequins toutes de cuir, de métal et de plumes vêtues, ont tenté de suivre la cadence de Satyricon (on comprend alors ce choix, comme un hommage à la figure décapitée) mais également de Sombres Forets. Les novices "modeux" y voient une touche de goth, d'autres pleurent la récupération de leur cher trésor underground qui se meurt sous les projecteurs...

L'esthétique est séduisante mais la réappropriation, le détournement semble appauvrir le mouvement... Mais si les artistes (artistes contemporains, stylistes...) ne subliment pas le Black metal, est-il assez puissant pour survivre seul ?

mercredi 27 juillet 2011

Beyong Good and Evil.

30 seconds to mars vs Liturgy




The true transcendental T-shirt...

jeudi 21 juillet 2011

Old Joy - Ode to Joy

C'est par un mois de juillet morose qu'une échappée cinématographique est parvenue à faire entrer un peu de soleil, d'air pur et de folk dans nos intérieurs grisés.



Un film, raté à sa sortie au cinéma en 2007, en séance de rattrapage sur Arte hier soir, réussi le pari de nous emmener (de nous transporter) en balade méditative et contemplative, entre mélancolie et rêverie. Le tout dans une grande simplicité poétique. L'image, en 16mm, donne au film un cachet désuet mais intemporel. Le scénario, presque banal (deux amis d'enfance partent camper en forêt (pour ceux qui voudraient profiter de la même balade, direction l'Oregon et les fameuses Bagby Hot Springs)), nous plonge au fur et à mesure dans une réflexion introspective. Et la bande son finit de vous caresser les sens. Entre les bruissements des arbres, les chants des oiseaux, les clapotis de l'eau de la rivière, les guitares discrètes mais généreuses de Yo la Tango confortent le film dans une douceur lo fi. Mais c'est surtout la performance de Will Oldham soit l'excellent Bonnie Prince Billy qui surprend. Bien qu'ayant déjà joué dans Julien Donkey Boy par exemple, il s'agit ici de son premier rôle principal. Son personnage Kurt, à la fois émouvant et inquiétant, révèle une extraordinaire habilité de jeu tout en sincérité. Comme dans ses chansons, c'est vif, saisissant et vous touche en plein coeur... Nous restent comme un refrain lancinant ces mots "la tristesse est une joie passée".



Ce film se fait étrangement l'écho de l'oeuvre de l'artiste anglais Richard T Walker. Rappelant souvent les artistes romantiques, son travail combine à la fois une réflexion sur la notion de paysage, sur le pouvoir narratif de la musique folk, sur le rapport étroit entre l'homme et la nature. Si bien que son oeuvre tout comme ce film , au delà d'une vision poétique et phénoménologique de la nature, en propose un anthropomorphisme.


Richard T Walker, The possibility of foreverness, 2011, Fuji Crystal Archive Print., 124.5cm x 76.2cm

samedi 2 juillet 2011

Home of metal - Des racines et des aigles.

Les vacances sont là... Le temps des réjouissances est venu ! Si l'Angleterre n'est pas votre destination estivale préférée, elle peut le devenir si vous êtes à la fois féru d'art contemporain et metal heads autrement dit fan de musique metal !
Ce n'est pas à Londres qu'il faudra vous rendre mais un peu plus au nord, à Wolverhampton, pour commencer, la ville où "au milieu des ténèbres, la lumière vient"...



Au départ un concept, lancé à la suite d'un metal symposium donné en 2007, celui de Home of metal et cette volonté de réunir des archives et autres memorabilias concernant l'univers prolifique de groupes fondateurs du genre issus de la région, à savoir Black Sabbath, Led Zeppelin, Judas Priest, Napalm Death et Godflesh. Puis petit à petit, des critiques musicaux, enseignants universitaires et artistes se sont retrouvés autours de projets ambitieux questionnant cette musique faite de codes (clichés) puissants.
Et depuis juin, les événements mis sur pied par cette communauté (emmenée par Capsule, organisation curatoriale) s'enchainent et fêtent dignement les 40 ans dudit mouvement, ce jusq'au 25 septembre.



C'est donc à Wolverhampton que s'arretera d'abord votre périple, et plus précisément à la Art Gallery. L'exposition You Should be living s'intéresse donc aux relations qu'entretient l'art contemporain avec ces musiques extrêmes. Le choix des artistes n'étonnera pas, on se ravit toutefois de (re)voir du Faldbakken et quelques jeunes artistes (parfois locaux) notamment Harminder Judge qui gagnent à être connus. A noter également une étonnante collaboration entre Nic Bullen de Napalm Death et Damien Deroubaix (seul français inclus dans cette exposition...).


premier plan : Jim Faure, Red Skull, 2007


Matias Faldbakken, Untiled (Slayer Upon Slayer Upon Slayer), 2007

A Birmingham, vous retrouverez tout l'esprit nostalgique et curieux de Home of metal avec l'exposition "Home Of Metal: 40 years of Heavy Metal music and its unique birthplace." C'est grâce à Black Sabbath que Birmingham se réclame lieu de naissance du metal (et par extension, raison pour laquelle s'origine en ces contrées le concept global). Le Birmingham Museum présente un ensemble d'objets, de pièces rares, de collections en tout genre, recoltés durant plusieurs années, auprès des fans notamment.



Tout aussi surprenante est cette exposition qui vous menera jusqu'à Walsall au musée du cuir : Hell Bent for Leather. Des tenues de scène, croquis préparatoires et autres accessoires détonnants vous sont présentés. Leur particularité : avoir appartenu à Judas Priest !!! Tout un programme !
Ne quittez pas Walsall sans visiter l'exposition Be true to your oblivion de Marc Titchner à la new art gallery. Cet artiste anglais, ancien nominé au Turner Prize (rappel des galons...) présente un certain nombre de nouvelles pièces. Comme notamment une vidéo avec Nicholas Bullen (encore !), une bannière reprenant une phrase extraite d'une chanson de Judas Priest (faisant ainsi le lien avec le musée du cuir). On retrouve également des pièces plus emblématiques de sa pratique, aux jeux optiques duchampiens forts. "Ergot Ergot" se joue ici du logo du label ayant lancé les Black Sabbath. La boucle est bouclée !


Mark Titchner, Ergo Ergot, 2006


Ce qu'il faut retenir de cette programmation riche (il y a aussi des conférences, un week-end special en septembre, d'autres expositions à venir comme The Art of Noise), c'est la richesse, la pugnacité et l'intelligence du projet. Porter un regard plus historique voire analytique sur une musique souvent dénigrée permet de l'élever...
Si l'influence qu'ont pu avoir Led Zeppelin ou Black Sabbath sur la culture populaire d'une part mais aussi sur les arts visuels n'était pas à prouver, cette entreprise a permis également de voir éclore d'autres symposiums notamment l'excellent Black Metal Theory et son journal Helvete qui sera publié début 2012.
Le metal est enfin pris au serieux...

Si l'angleterre n'est pas incluse dans vos virées estivales, petit sauvetage :






jeudi 30 juin 2011

Anvil : dialectique de l'éternel forgeron.

La persévérance est une notion quasiment devenue désuète aujourd'hui, à l'ère de l'instantanéité, de l'immédiateté et du renouveau constant. Qu'en est-il du travail ascétique, du dévouement sacerdotal, de l'acharnement sincère à une cause ?
Certains pourtant consacrent leur vie à leur oeuvre sans relâche, ni hésitation. Ils poursuivent malgré tout un chemin qui pourrait les mener vers la providence. La grandeur de cet acte ne dépasse-t-il pas au fond l'oeuvre elle-même ?

Le groupe (déjà, ou en devenir) culte canadien Anvil force à ce sujet le respect. Une carrière de plus de 34 ans, 14 albums, un nombre incalculable de concerts et, malgré tout, une notoriété toujours à faire. Si la musique produite par ce groupe oscillant entre heavy, speed et trash metal a inspiré beaucoup d'autres groupes, la force principale de celui-ci est sa ténacité, sa pugnacité. Ce que le documentaire Anvil! The story of Anvil montre bien d'ailleurs. Il y est avant tout question d'amitié indéfectible, de considérer la musique comme sacrée et de s'y dévouer corps et âme. Si le film semble parfois trop romancé, il nous met face à la plus honnête et sincère posture de l'artisan musicien qui, par sacrifice et maintien infaillible d'un rêve, devient artiste majeur.



Le dernier album du groupe Juggernaut of Justice vient de paraître et ces forgerons de l'extrême seront sûrement sur votre chemin cet été... Ils semblent suivre la même carrière qu'Elaine Sturtevant qui connait enfin à ses 81 ans une ultime consécration en pouvant serrer contre elle un lion vénitien...

lundi 27 juin 2011

Keith Tyson / Ghost : the Golden Age of Grotesque.

La caricature permet de dire le vrai par le biais de l'exagération, de la saturation, de l'amplification.
Elle s'emploie par volonté de dépasser le signe, ou par dénigrement. Certains s'en font leur arme, d'autres l'utilisent sans que l'on soit vraiment sûrs de leurs intentions.

Dans l'art contemporain comme dans la musique, le grotesque pourrait bien faire son retour.
Keith Tyson, artiste anglais passionné par les questions existentialistes, physico-mathématiques, s'efforce de comprendre la nature humaine par l'art et la science... Les sculptures qu'il présente actuellement à la galerie Vallois, ses contemporary grotesques, sont bien plus complexes qu'il n'y parait. Si Alienating s'interesse à l'attitude gothique, il lui permet d'accéder, par l'étrangeté, à une certaine forme de beauté. Que ce soit en nous présentant une femme anorexique en train de danser, une geisha chevauchant un morse ou ce gothique tendance "vampyre" aux piercings et "new rock", symboles indentifiables du mouvement, Tyson nous propose sa vision des gargouilles modernes. Ces oeuvres, toutes recouvertes de carbone (élément constitutif de toute chose), nous incitent, au-delà d'une esthétique frôlant le kitsch, à une réflexion scientifique sur l'être et son rapport à l'univers.


Alienating, 2009, résine et graphite, 58,5 x 60 x 55 cm, édition de 3

En musique, depuis quelques mois, c'est le groupe Ghost qui, de manière mesurée ou non, incarne le renouveau grotesque. Difficile de se faire une idée sur ce groupe suédois mené par des anonymes, intronisé par Fenriz de Darkthrone, plébiscité par les uns, et dénigré par les autres. A l'instar de Keith Tyson, Ghost a l'intelligence d'user de l'artifice pour déployer leurs idées. La pochette de leur Opus Eponymus donne le ton. Très revival dans leur approche musicale, ils parviennent néanmoins à nous séduire. Si la recette a déjà fonctionné (corpse paint, costume papal (vu chez Portal), riffs 70's), il faut bien avouer que la caricature qu'ils dressent permet de voir au-delà des codes.



Au regard de ces deux propositions, on ne pourra que se souvenir que l'habit ne fait pas le moine... et que derrière le décorum, l'ornement, on accède aux questionnements. Celui qui nous fait réfléchir nous fait déjà avancer.

jeudi 16 juin 2011

Palingénésie 2 - Slow Car crash - USA/FR.


Jonathan Schipper - SLOW INEVITABLE DEATH OF AMERICAN MUSCLE SLOW MOTION CAR CRASH- 2008




Florian Pugnaire & David Raffini - Expanded Crash - 2008