lundi 27 juin 2011

Keith Tyson / Ghost : the Golden Age of Grotesque.

La caricature permet de dire le vrai par le biais de l'exagération, de la saturation, de l'amplification.
Elle s'emploie par volonté de dépasser le signe, ou par dénigrement. Certains s'en font leur arme, d'autres l'utilisent sans que l'on soit vraiment sûrs de leurs intentions.

Dans l'art contemporain comme dans la musique, le grotesque pourrait bien faire son retour.
Keith Tyson, artiste anglais passionné par les questions existentialistes, physico-mathématiques, s'efforce de comprendre la nature humaine par l'art et la science... Les sculptures qu'il présente actuellement à la galerie Vallois, ses contemporary grotesques, sont bien plus complexes qu'il n'y parait. Si Alienating s'interesse à l'attitude gothique, il lui permet d'accéder, par l'étrangeté, à une certaine forme de beauté. Que ce soit en nous présentant une femme anorexique en train de danser, une geisha chevauchant un morse ou ce gothique tendance "vampyre" aux piercings et "new rock", symboles indentifiables du mouvement, Tyson nous propose sa vision des gargouilles modernes. Ces oeuvres, toutes recouvertes de carbone (élément constitutif de toute chose), nous incitent, au-delà d'une esthétique frôlant le kitsch, à une réflexion scientifique sur l'être et son rapport à l'univers.


Alienating, 2009, résine et graphite, 58,5 x 60 x 55 cm, édition de 3

En musique, depuis quelques mois, c'est le groupe Ghost qui, de manière mesurée ou non, incarne le renouveau grotesque. Difficile de se faire une idée sur ce groupe suédois mené par des anonymes, intronisé par Fenriz de Darkthrone, plébiscité par les uns, et dénigré par les autres. A l'instar de Keith Tyson, Ghost a l'intelligence d'user de l'artifice pour déployer leurs idées. La pochette de leur Opus Eponymus donne le ton. Très revival dans leur approche musicale, ils parviennent néanmoins à nous séduire. Si la recette a déjà fonctionné (corpse paint, costume papal (vu chez Portal), riffs 70's), il faut bien avouer que la caricature qu'ils dressent permet de voir au-delà des codes.



Au regard de ces deux propositions, on ne pourra que se souvenir que l'habit ne fait pas le moine... et que derrière le décorum, l'ornement, on accède aux questionnements. Celui qui nous fait réfléchir nous fait déjà avancer.

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