mercredi 17 mars 2010

Queen(s) of noise.

On le sait les clips vidéo, depuis celui mythique de Thriller, sont de véritables outils promotionnels mais également des vecteurs esthétiques. Beaucoup de groupes l'ont utilisé pour construire une imagerie puissante, en le transformant parfois en court métrage, ou dans une perspective plus artistique où le clip se rapproche alors de la video d'artiste.
Lorsque les artistes eux-mêmes réalisent ces supports visuels, on frôle le produit parfait...

Floria Sigismondi est une de ces artistes touche à tout, habile et inventive qui, au contact d'une caméra, vous conçoit des petits bijoux animés au service de bien des groupes. Formée dans une école d'art, elle choisit dans un premier temps la photographie. Puis vint la musique et les premières vidéos pour des petits groupes de la scène canadienne. C'est surtout un clip pour Marilyn Manson qui l'a fit définitivement connaître. Un univers froid et médicalisé où rodent odeur de soufre et mélancolie. Si la caméra et l'oeil sont adroits, les idées et ambiances seraient plutôt nés de l'esprit macabre et décalé du "Reverend". Cet univers grotesque et clinique, duquel l'artiste Gottfried Helnwein n'est pas non plus étranger, est assez récurrent à la fois dans la musique (depuis Scorpions) et dans l'art (on pense notamment à Joel-Peter Witkin...). Il faut reconnaitre tout de même que ses clips sont parmis les plus séduisants et les plus intelligents vus ces dernieres années. De Little Wonder de David Bowie à Blue Orchid des White Stripes ou encore The End of The World des Cure... Tout ici est cousu comme de la dentelle, avec finesse et dextérité, utopie et vanité, le tout orné d'un délicat soupçon de romantisme... Bref, elle nous donne à voir autre chose...

floria sigismondi

Si les qualités artistiques de Floria Sigismondi ne sont plus à prouver, qu'est-ce qui fait d'elle une artiste ?

Est-ce le fait qu'elle ait exposé à plusieurs reprises avec de grands noms de la photographie comme Cindy Sherman ? Elle a également réalisé des installations... dont les traces demeurent floues. Son statut est ambigu, et ce n'est pas la sortie imminente de son premier long métrage qui nous permettra de mieux cerner sa pratique...

The Runaways raconte comme son nom l'indique l'histoire (bien que préparée par un certain Kim Fowley producteur MacLarenien) du groupe hard/glam rock féminin ayant lancé Joan Jett. Si le choix des actrices, à peine sorties de leur monde vampirique, permettra sans doute à quelques fans de courir voir le film, on peut se demander si un nouveau biopic ajoute réellement quelque chose au marasme cinématographique actuel.

runaways

Si certains grands artistes contemporains se sont frottés au septième art, parfois avec brio comme Steve Mc Queen (pas l'acteur, on vous dit l'artiste... Visionnez Hunger !), parfois pour partager une experience proche d'un plaisir égoïste comme Pipilotti Rist avec Pepperminta, le cross-over entre les arts est une pratique dangereuse. D'autant plus dangereuse lorsque l'artiste ne l'est pas totalement.

Si Cherry Currie, l'ancienne chanteuse des The Runaways, se dit aujourd'hui artiste (elle pratique la sculpture sur bois à la tronconneuse), Floria mérite quand même, et à bien des égards, ce statut. Tout est une question de signifiant, et d'étiquette. Peu importe le nom finalement, ce qui compte surtout c'est ce que l'on produit....

cherrie currie

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