lundi 1 juin 2009

Brisure à Senestre.

Bend, Bend, Bend, on my Radio....

L'exposition Bend Sinister d'Elodie Lesourd qui se tient actuellement à la Galerie Olivier Robert remet les choses à leur place. En décalant, décentrant, déplaçant, les peintures, bois gravés et sérigraphies de l'artiste apparaissent comme un "statement" imparable. Elle explose les codes de la peinture et, dans un au-delà du rock, interroge directement notre rapport à l'art, et le rapport qu'il entretient à lui-même.
Plus qu'une exposition, c'est une déclaration de guerre à la fadeur ambiante. Tout est caché, subtil, finement tendu, légèrement glissé, mais suffisamment pour ouvrir la brèche et créer le basculement. Pas d'éclats mais des éclatements. Impressionnant, massif, inamovible finalement. La pierre noire de 2001... est réapparue en 2009 : terrible et redoutable; fascinante.

Elodie Lesourd - Bend Sinister, Galerie Olivier Robert, 5 rue des Haudriettes, 75 003 Paris, 30 mai - 4 juillet 2009.

Elodie Lesourd Bend Sinister

Elodie Lesourd Bend Sinister Koh Violette
Elodie Lesourd, Koh / Violette, 2008. Acrylique sur MDF, 338x140cm. Courtesy: Elodie Lesourd, T. Koh, B. Violette, Galerie Olivier Robert, Paris.

lundi 18 mai 2009

Passer l'arme à gauche.

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Pistolet, revolver, carabine, arquebuse et autres... Ces outils de notre monde moderne portent en eux les espoirs d'une toute puissance. Que l'on soit obsédé par la mort ou avide de pouvoir, les armes à feu symbolisent avant tout la peur. On les retrouvent en grand nombre dans l'art contemporain. De Warhol (catharsis oblige) à Chris Burden, de Niki de Saint Phalle à Damien Hirst. Le pistolet inspire, et pas seulement les artistes. Nombre de pochettes de disques arborent fièrement ces bijoux mortels. Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont les croisements, les interférences qui interviennent entre les deux champs ou comment l'un peut devenir le miroir de l'autre. Ainsi, on s'amuse de retrouver chez l'artiste Allison Smith les jeux graphiques produits par l'assemblage de plusieurs fusils, jeux qu'avait brillamment et le plus simplement du monde mis en place un certain Manson pour l'affiche et décor de scène de son fameux God, Guns and Government Tour... Sans foi ni loi ; l'arme, lorsqu'on la passe à gauche, nous délivre certes, mais elle est aussi cette ingénieuse complice de nos actes (créateurs) les plus forts.

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Allison Smith - Victory Hall, 2005.

samedi 16 mai 2009

Sunn O))) : la 7ème dimension.

Quitte à utiliser un dessin de Richard Serra pour son 7ème album, autant choisir le n° VII de la série des Out-of-Round du géant américain, non ?
Le groupe le plus arty du moment (i.e. l'éphémère successeur de Sonic Youth dans les intellectualisations stériles des critiques... d'art ? de rock ?), Sunn O))) a eu l'élégance et la finesse de choisir un dessin de Richard Serra (le n° X de la série de 1999) pour sa pochette. Si cette partie de l'oeuvre du sculpteur n'est pas la plus célèbre, elle n'est pas pour autant la plus inintéressante. Alors que les terreurs d'acier fragiles seyaient à merveille au rock Monolith du groupe américain, ils optent pour une autre Dimension, pénétrant l'intimité de la création, l'absorption par le cercle profond mais restreint. Choix judicieux, dangereux aussi, qui, aux commentaires officiels accompagnant la sortie de Monoliths & Dimensions semble parfaitement coller aux dernières expérimentations du groupe....
Réponse le 18 pour le verdict musical.

Richard Serra - Out-of-Round VII :
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Sunn O))) - Monoliths & Dimensions :
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Primal Scream : cerveau reptilien.

Il y a bientôt 3 ans jour pour jour, les Primal Scream sortaient Riot City Blues. Peu importe la qualité musicale de l'album (cela dépend de la vision que vous avez de ce que doivent être les Primal Scream), ils signaient par la même occasion une des plus belles pochettes de l'histoire du rock récente. Sans contestations possible (nous n'en accepterons d'ailleurs pas...).
C'est simple, infiniment réflexif, esthétiquement troublant. C'est beau comme la rencontre fortuite sur une pochette de disque (disséquée) de William Eggleston et de James Lee Byars. Tout simplement assourdissant.

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vendredi 27 mars 2009

La Voix de son Maître.

Puisqu'on vous le dit... (petit rappel ici).
Le commissaire Eric Troncy, co-directeur du Consortium de Dijon, l'exprime sans doute mieux que nous, et en bien peu de mots...
Comme quoi, les voix du Seigneur sont impénétrables... Alléluia !

Un autre avis intéressant à lire par .

Extrait de l'émission "Tout arrive !" d'Arnaud Laporte du 6 mars 2009 sur France Culture :


Pour les malentendants, en voici la transcription :
"Si quelque chose incarne le "n'importe quoi" dans ce musée, c'est quand même bien l'exposition de Marlène Mocquet. Elle est ce qui se fait de pire aujourd'hui, de plus idiot, de plus absurde, de plus laid, de plus révoltant, de plus inepte... Et donc, à tout prendre, il vaut mieux encore être à l'étage de N'importe Quoi qu'à l'étage de Marlène Mocquet". E.T. l'extra-terrestre.

dimanche 1 mars 2009

Gregory Crewdson : Beneath the remains.

Les photographies de Gregory Crewdson ont l'énorme avantage de tout dire en peu de mots, voire, plus précisément, dans un silence complet et total. Paysages désertés ou acteurs immobiles, rien n'y fait, tout se passe dans le calme et l'absence de tout. Les explications deviennent superflu tant tout est limpide, tant les compositions se passent aisément de tout commentaire. Comme pour un film de Lynch dont les univers sont contigus. Représentant de ce que l'on a appelé la photographie picturale emmenée par Jeff Wall, Gregory Crewdson a su créer une atmosphère à la fois hautement singulière et étrangement familière (on peut naturellement évoquer Edward Hopper, Stephen King, René Magritte, Wes Anderson dans ses influences immédiates et déclarées). Si les oeuvres possèdent une force inhérente indéniable, il demeure, telle une persistance rétinienne encombrante, un sentiment, non pas de déjà-vu, mais de reconnaissance qui peut troubler, déranger parfois.
il est tout à fait logique pour le guitariste punk des Speedies de prêter son art à des pochettes telles que le And Then Nothing turned itself inside-out des Yo la Tengo ou inspirer celle du Fur & Gold des Bat for Lashes. Comme on le disait, ses images ont l'énorme avantage d'être immédiates dans l'ambiance qu'elles imposent comme dans leur appréhension. Et laissent sans voix...

Exposition Beneath the roses, du 28 février au 25 avril 2009, Galerie Daniel Templon, Paris.

Production Still (the Father 02) :
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And then nothing turned itself inside-out :
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Fur & Gold :
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Zap :
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jeudi 5 février 2009

Double assassinat dans la rue morgue.

A l'heure où certains pensent qu'il suffit de ramener une guitare et un ampli dans une galerie d'art pour faire une "performance", il est de bon ton de rappeler que la bible performative L'Acte pour l'Art (éd. Al Dante) d'Arnaud Labelle-Rojoux est non seulement disponible mais absolument indispensable à lire....
Alors non, c'est sûr, les "performances" de Lux Interior sur scène n'étaient pas des actes artistiques désirés comme tels mais bien plutôt une manifestation, une ex-istence des pulsions bouleversées qui constituent les fondements du Rock'n'Roll. S'il connaissait inconsciemment les codes de la performance (comme Johnny Rotten pressent le situationnisme), le charismatique leader des Cramps ne recherchait pas la transcendance artistique. S'il l'on a déjà eu l'occasion ici de parler de la réappropriation des Cramps dans le champ de l'art, nul doute que ce groupe mythique savait délimiter les champs d'expérimentation.
Il est irréfutable que n'importe quel concert des Cramps est plus proche de l'expérience artistique que n'importe quel musicien-pseudo-artiste se produisant dans des centres d'art, confondant art et musique (art majeur et art mineur dirait Gainsbourg).
Après tout, Lux Interior était de la lignée des Lucifer, Prométhée et autres possédés : tout le monde n'a pas la chance de porter la lumière au plus profond de son être....

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A l'heure où la petite lampe interne d'Erick Purkhiser vient de s'éteindre et après l'effondrement de Ron Asheton, le Rock vient de mourir une deuxième fois. Et l'on ne cesse d'assassiner son cadavre...

vendredi 9 janvier 2009

La mort d'une oeuvre d'art.

Voici venir la nuit des longs couteaux.

Enfilez vos bas noirs les gars,
Ajustez bien vos acroches-bas,
Vos porte-jartelles et vos corsets,
Allez venez ça va se corser,
(...)
Maquillez vos lèvres les gars,
Avec des rouges délicats,
Faites vous des bouches sanglantes,
Ou noires ou bleues si ça vous tente
(...)
Sur vos boucles blondes les gars,
Mettez fixatifs et corps gras,
N'épargnez ni onguents ni fards,
Venez avant qu'il ne soit trop tard

On va danser le
Nazi rock nazi nazi nazi rock nazi
Ouais on va danser le
Nazi rock nazi nazi nazi rock nazi.

C'était ça les Stooges. Un mélange étrange d'ambiguïté sexuelle et de violence froide. En dehors d'Iggy Pop, la légende s'est construite sur la guitare comme élément fondateur d'une agression sublime, d'un déchirement sourd et délicat.
Le génial guitariste Ron Asheton était une oeuvre de Richard Serra. Fondamentalement belle dans sa brutalité, légère et massive, inquiétante et rassurante. Seulement, lorsqu'une des plaques de cet équilibre précaire s'effondre, le reste suit. Si les Stooges sont morts le 6 janvier, ils auront finalement longtemps survécu au cadavre d'un rock qu'il ont enfanté. Un Nazi Rock, inévitablement....

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Les Vinyls de l'Art.

Le site Art Vinyl a réussi un joli coup de pub en sortant, en grandes pompes, son classement officiel des meilleures pochettes de l'année. Il n'empêche, le choix des votants est sans appel. On retrouve sur le podium, et dans l'ordre : l'album éponyme des Fleet Foxes, l'album Slime & Reason de Roots Manuva et le consacré Viva la Vida de Coldplay. Ce qui nous fait un Bruegel l'Ancien en premier et un Delacroix en troisième position. Entre les deux, le Roots Manuva est un mélange plutôt évident de Marc Quinn et de Joel-Peter Witkin (entre autres). Bref, l'art semble faire recette dans son adaptation au support du disque. SI l'efficacité esthétique ne se dément pas elle s'accompagne même de succès commercial. Comme une évidence...

Fleet Foxes :
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Roots Manuva :
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Coldplay :
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Superficial Donkey.

Les limites de l'inspiration et de la copie sont souvent ténues.... Sur la pochette de l'album Donkey de CSS semble se refléter les ondes créatrices de Michel de Broin. L'art est une source inépuisable de puissance visuelle, volontaire ou non. La preuve par trois avec Art Vinyl (cf plus haut....).

Michel de Broin :
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CSS :
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