"A un moment donné, je suis allé à la fenêtre et je l'ai ouverte : le vent faisait un bruit violent et l'orage s'approchait. Dans la rue, juste devant moi, il y avait une très longue banderole noire. Elle avait bien huit ou dix mètres de long. Le vent avait à moitié décroché la hampe : elle avait l'air de battre de l'aile. Elle ne tombait pas : elle claquait dans le vent avec un grand bruit à hauteur du toit; elle se déroulait en prenant des formes tourmentées : comme un ruisseau d'encre qui aurait coulé dans les nuages".
Troublante la similitude entre cet extrait du roman Le Bleu du Ciel de Georges Bataille et la dernière installation de Claude Lévêque Le Grand Soir à Venise. Les titres des oeuvres pourraient d'ailleurs être quasiment échangées dans un renversement poétique dont les deux sont coutumiers....
Si Bataille traite de l'assassinat d'Engelbert Dollfuss, celui-ci est un personnage on ne peut plus sujet possible des débordements de Lévêque (pour peu qu'il revendique une acception politique de son travail). Un homme extrêmement petit rêvant de grandeur, fasciste reconnu héros par son opposition au nazisme (!), les antagonismes se métamorphoseraient sûrement en morceaux de poésie du réel dans les mains du créateur du Arbeit Macht Frei en 1992....
lundi 27 juillet 2009
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1 commentaire:
Claude Lévêque : un jean génie ...assurément !
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