Après un 1er album parfaitement réussi et maîtrisé (Falling off the Lavender Bridge), le Lightspeed Champion / Devonte Hynes / ex-Test Icicles, revient avec un 2ème album dont le titre n’a rien à envier au Hi! How are you? de Daniel Johnston, Life is sweet ! Nice to meet you.
Notre brillant compositeur continue ses explorations. Après un album qui rappelait que la pop pouvait être aventureuse, originale et voguer hors des sentiers balisés (les racines plongées dans les Zombies des Beatles), il marche toujours vers un inconnu familier. Plus précisément, dans ce nouvel album, il invente la pop symphonique minimale. Un peu comme un Do It Yourself de l’arrangement orchestral. On est loin des expérimentations volontiers lo-fi des premiers Beck ou de la grandiloquence de Rufus Wainwright. On est plutôt devant le squelette d’une espèce jamais vue, une structure architecturale de symphonie. Les instruments sonnent bruts (notamment la basse prédominante), les interventions de tous poils (choeurs masculins inclus) font ressurgir une froideur post-punk sur un ensemble lumineux. Ténu comme un soleil d’hiver.
L’élégance d’un punk. L’incarnation musicale parfaite de Vivienne Westwood (Husker Du, Vivienne ?) ? On peut songer aussi aux orchestrations brutales de J.G. Thirlwell (notamment le dernier Foetus et Steroid Maximus) ou, plus tendance, et plus en accord avec Devonte Hynes (cf. son E.P. 69 Année Erotique), les arrangements d’anarchisme classieux de S. Gainsbourg. Pour une fois que les anglais nous envient quelque chose en musique.... let’s celebrate!
samedi 27 février 2010
Fredrik Soderberg : Der Ring.
Il est des échanges incessants qui tissent un réseau de liens plus ou moins distants entre les cultures. Une introduction un peu pompeuse pour parler du travail de l’artiste suédois Fredrik Soderberg. Seulement, faut-il évoquer les pochettes qu’il réalise notamment pour le (non moins excellent) groupe The Skull Defekts ou aborder le fait qu’il utilise l’univers du rock dans son travail plastique ?
The Skull Defekts - The Temple
Quel est le plus aventurier des deux ? Faut-il féliciter le groupe suédois de s’offrir les services de l’artiste (des artistes, devrions-nous dire, puisqu’ils ont également fait appel au très bon et très norvégien artiste Are Mokkelbost) et ainsi créer une image aussi unique que profonde ? Ou bien relever le fait qu’il est, encore, remarquable de puiser dans l’(under) culture rock (la pochette de Filosofem de Burzum dans Gryning, celle du 1er Black Sabbath dans Black Moth, l’esprit fanzine dans Never Forget Death) pour s’affranchir de la tradition séculaire de la peinture à l’huile ? Notons une certaine ambiguité dans son rapport au métier : il se démarque en effet des codes du médium en peignant sur du plexiglas mais accepte l’aquarelle sur papier comme support....
Fredrik Soderberg - Black Moth
Peu importe finalement. Les échanges rock / art et retour ne sont plus à démontrer (si ?). Ses dernières oeuvres naviguent plus d’ailleurs vers les rivages du chamanisme sorcier et symboliste dont le Palais de Tokyo s’est quasiment fait une spécialité ces derniers temps (Joe Coleman, Aleister Crowley, Paul Laffoley...). Des pièces plus convenues qui ne convoquent plus les forces de l’abstraction dans un dédale de références de tous ordres dont les mélanges attiraient vers le mystère. A trop montrer de signe, on en perd le sens. Et l’on se dit qu’une oeuvre posée sur une pochette de disque, dans sa relation à la musique, invente des chemins à décrypter, des correspondances à illuminer. Vers une nouvelle forme d’art, une communication secrète ?
Quel est le plus aventurier des deux ? Faut-il féliciter le groupe suédois de s’offrir les services de l’artiste (des artistes, devrions-nous dire, puisqu’ils ont également fait appel au très bon et très norvégien artiste Are Mokkelbost) et ainsi créer une image aussi unique que profonde ? Ou bien relever le fait qu’il est, encore, remarquable de puiser dans l’(under) culture rock (la pochette de Filosofem de Burzum dans Gryning, celle du 1er Black Sabbath dans Black Moth, l’esprit fanzine dans Never Forget Death) pour s’affranchir de la tradition séculaire de la peinture à l’huile ? Notons une certaine ambiguité dans son rapport au métier : il se démarque en effet des codes du médium en peignant sur du plexiglas mais accepte l’aquarelle sur papier comme support....
Peu importe finalement. Les échanges rock / art et retour ne sont plus à démontrer (si ?). Ses dernières oeuvres naviguent plus d’ailleurs vers les rivages du chamanisme sorcier et symboliste dont le Palais de Tokyo s’est quasiment fait une spécialité ces derniers temps (Joe Coleman, Aleister Crowley, Paul Laffoley...). Des pièces plus convenues qui ne convoquent plus les forces de l’abstraction dans un dédale de références de tous ordres dont les mélanges attiraient vers le mystère. A trop montrer de signe, on en perd le sens. Et l’on se dit qu’une oeuvre posée sur une pochette de disque, dans sa relation à la musique, invente des chemins à décrypter, des correspondances à illuminer. Vers une nouvelle forme d’art, une communication secrète ?
Isis / The Horrors : I walk the line (between Good and Evil).
A priori, aucun (ou très peu de) rapport entre les anglais lookés comme des anglais de The Horrors et les américains lookés comme des américains d’Isis. Plus encore lorsque l’on parle de prestation scénique. Et pourtant. Les deux concerts parisiens, dans la même salle (Trabendo) et à quelques jours d’intervalles (respectivement le 29 novembre et le 3 décembre) offraient de multiples points de comparaisons.
Tout d’abord dans leur refus des étiquettes. Tous les deux enfermés dans des prisons de styles et enterrés sous des tonnes d’influences, ils ont choisi de refuser de porter un fardeau qui ne leur appartenait pas. Ensuite, dans leur volonté commune de créer une brèche et ouvrir une nouvelle voie/x dans leur style respectif. Mais c’est sur scène que cette volonté d’évoluer sur le fil (du funambule ou du rasoir) est la plus évidente. En effet, les deux groupes jouent de / sur la frustration / l’intensité. Retenue paradoxale. The Horrors ne devient jamais ce groupe de rock puissant que leur offrirait la présence d’un second guitariste. Isis ne verse jamais dans un métal qui lui tend les bras (piégeux). Si ces deux partisans d’une démesurée mesure font monter leur musique, c’est pour mieux la tenir en équilibre au bord du précipice. Ils refusent de faire ce que vous attendez d’eux et vous obligent à réfléchir (une punition ?). Sans doute plus difficile à maintenir que l’inverse, l’excès libérateur, les My Bloody Valentine vomissant leur pouvoir sonore pour les uns, les Dillinger Escape Plan sans retenue pour les autres.
Certains pourront conclure qu’à rester entre la contemplation et la fureur, on devient tiède. Ce serait comme considérer Caspar David Friedrich un peintre de paysage.... Après tout, pourquoi pas ? C’est, sans aucun doute, considérer que réfléchir est définitivement.... une punition.
Tout d’abord dans leur refus des étiquettes. Tous les deux enfermés dans des prisons de styles et enterrés sous des tonnes d’influences, ils ont choisi de refuser de porter un fardeau qui ne leur appartenait pas. Ensuite, dans leur volonté commune de créer une brèche et ouvrir une nouvelle voie/x dans leur style respectif. Mais c’est sur scène que cette volonté d’évoluer sur le fil (du funambule ou du rasoir) est la plus évidente. En effet, les deux groupes jouent de / sur la frustration / l’intensité. Retenue paradoxale. The Horrors ne devient jamais ce groupe de rock puissant que leur offrirait la présence d’un second guitariste. Isis ne verse jamais dans un métal qui lui tend les bras (piégeux). Si ces deux partisans d’une démesurée mesure font monter leur musique, c’est pour mieux la tenir en équilibre au bord du précipice. Ils refusent de faire ce que vous attendez d’eux et vous obligent à réfléchir (une punition ?). Sans doute plus difficile à maintenir que l’inverse, l’excès libérateur, les My Bloody Valentine vomissant leur pouvoir sonore pour les uns, les Dillinger Escape Plan sans retenue pour les autres.
Certains pourront conclure qu’à rester entre la contemplation et la fureur, on devient tiède. Ce serait comme considérer Caspar David Friedrich un peintre de paysage.... Après tout, pourquoi pas ? C’est, sans aucun doute, considérer que réfléchir est définitivement.... une punition.
samedi 13 février 2010
Considération inactuelle - 3 : l'éternel retour.
Le marketing et l'art se rejoignent dans la musique. C'est un peu réducteur, mais ce n'est pas tout à fait faux. La pub télé pour le dernier album de Massive Attack, Heligoland, en est un exemple éloquent :
"Massive Attack, l'avant-garde de la musique électro est de retour".
Il faudra dans ce cas, expliquer comment une "avant-garde" peut-elle effectuer son "retour" ? Les termes paraissent pour le moins antinomiques... L'avant-garde, par définition, rejetant le passé pour avancer, ne peut de toute façon pas revenir. Elle ne serait plus de l'avant-garde.... Bref.
Deux explications rationnelles à tout cela :
- les chefs de pubs sont, et c'est connu de tous, d'ardents admirateurs de Nietzsche et de sa théorie de l'éternel retour du même.
- la publicité est produite par France Inter (radio d'avant-garde de 1947) dont le slogan est : "France Inter : la différence". Tout s'explique....
On peut noter au passage la pochette arty, et pour cause, de Robert 3D del Naja, leader du groupe, et artiste reconnu de la scène graffiti des années 1980'. Il a d'ailleurs toujours fait preuve d'une volonté farouche d'introduire la création contemporaine dans tous les visuels (pochettes, clips, photos) du groupe....
Et puisqu'il est question d'avant-garde, signalons que les autorités du métro londonien ont censuré les affiches de la sortie de l'album sur lesquelles apparaissait la pochette. Pour quel motif ? Tout simplement en prétextant qu'ils n'autorisaient, dans le métro, "rien qui puisse ressembler à du street art", demandant au groupe de retirer les taches et dégoulinures de peinture....
De la censure avant-gardiste ou le désespérant et éternel retour du même... combat ?
"Massive Attack, l'avant-garde de la musique électro est de retour".
Il faudra dans ce cas, expliquer comment une "avant-garde" peut-elle effectuer son "retour" ? Les termes paraissent pour le moins antinomiques... L'avant-garde, par définition, rejetant le passé pour avancer, ne peut de toute façon pas revenir. Elle ne serait plus de l'avant-garde.... Bref.
Deux explications rationnelles à tout cela :
- les chefs de pubs sont, et c'est connu de tous, d'ardents admirateurs de Nietzsche et de sa théorie de l'éternel retour du même.
- la publicité est produite par France Inter (radio d'avant-garde de 1947) dont le slogan est : "France Inter : la différence". Tout s'explique....
On peut noter au passage la pochette arty, et pour cause, de Robert 3D del Naja, leader du groupe, et artiste reconnu de la scène graffiti des années 1980'. Il a d'ailleurs toujours fait preuve d'une volonté farouche d'introduire la création contemporaine dans tous les visuels (pochettes, clips, photos) du groupe....
Et puisqu'il est question d'avant-garde, signalons que les autorités du métro londonien ont censuré les affiches de la sortie de l'album sur lesquelles apparaissait la pochette. Pour quel motif ? Tout simplement en prétextant qu'ils n'autorisaient, dans le métro, "rien qui puisse ressembler à du street art", demandant au groupe de retirer les taches et dégoulinures de peinture....
De la censure avant-gardiste ou le désespérant et éternel retour du même... combat ?
Considération inactuelle - 2 : l'homme est une femme comme les autres.
On a beau être spécialiste du marché de l'art, on n'en reste pas moins homme. Les économètres du site Artprice qui publient leurs résultats sur le site ArtMarketInsight ont conservé une âme un peu fleur bleue....
Dans le dernier dossier sur le dessin contemporain, la star montante de ce médium est la douce et charmante Violette BANKS, une petite demoiselle aussi fragile et sensible que son prénom :
"Dans ce peloton de tête, la plus jeune artiste est Violette BANKS. A 36 ans, elle accumule déjà les expositions collectives et individuelles...".
On vous a mis la photo de la jeune fille en fleur en question : un volontaire pour aller le lui dire ?
A moins qu'ils aient confondu avec sa soeur....
Dans le dernier dossier sur le dessin contemporain, la star montante de ce médium est la douce et charmante Violette BANKS, une petite demoiselle aussi fragile et sensible que son prénom :
"Dans ce peloton de tête, la plus jeune artiste est Violette BANKS. A 36 ans, elle accumule déjà les expositions collectives et individuelles...".
On vous a mis la photo de la jeune fille en fleur en question : un volontaire pour aller le lui dire ?
A moins qu'ils aient confondu avec sa soeur....
Considération inactuelle - 1 : du prix de l'oeuvre d'art.
Pas facile de donner un prix à une oeuvre, que l'on soit jeune artiste ou maître ancien, tout reste relativement subjectif. Dans les limites bien sûr du marché et des valeurs instituées par les autorités compétentes.
La preuve que tout ceci est bien fragile et fluctuant : deux dépêches côte-à-côte trouvées sur le site du journal Le Monde (pas le dernier pour déconner.... il est bien connu pour ça) et estampillées AFP. En deux heures, perdre 29,2 millions d'euros, ça s'appelle un sacré krach, non ? A moins que cela soit une stratégie pour faire rendre le dessin dérobé.... pas un si bon coup que ça, ce Degas....
La preuve que tout ceci est bien fragile et fluctuant : deux dépêches côte-à-côte trouvées sur le site du journal Le Monde (pas le dernier pour déconner.... il est bien connu pour ça) et estampillées AFP. En deux heures, perdre 29,2 millions d'euros, ça s'appelle un sacré krach, non ? A moins que cela soit une stratégie pour faire rendre le dessin dérobé.... pas un si bon coup que ça, ce Degas....
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