Ces jours-ci sont assez propices aux réflections liées à l'idée de mort, à l'aspect éphémère de l'existence et à sa vanité. Halloween passé et son folklore jouissif, la Toussaint, célébrant tous les saints de l'Eglise catholique et la Fête des morts, journée consacrée au culte des défunts, nous rappellent (calendrier à l'appui) que la vie finalement n'est que la mort des autres.
Et ces autres nous interpellent d'autant plus qu'étant morts, ils n'en deviennent que plus présents. Le souvenir, l'oeuvre mais aussi l'aura sont intensifiés par la mort même. Elle les révèle, les sublime. Bien sûr, la mort de l'autre n'est que l'écho de notre propre mort mais elle transforme notre vision, nous éduque, nous apprend à mourir. La grande faucheuse nous fascine depuis la nuit des temps. Elle, l'insaisissable cavalière, provoque l'inexplicable, l'insoutenable, mais pourtant le fondement même de la vie. Que se passe-t-il quand certains plus que d'autres la sentent s'approcher, roder ? Les artistes, voyants rimbaldiens, voient-ils leur pratique s'altérer ou au contraire s'intensifier ? Qu'en est-il de Michael Jackson qui savait qu'une nouvelle tournée le "tuerai" ? Comment Hans Hartung, poussé par une pulsion de vie (Eros ?), réinvente-t-il sa technique et fait exploser, dans un jaillissement divin, les couleurs ? Pourquoi Felix Gonzalez-Torres décide-t-il de disparaître dans l'immensité céleste ? Peut-on finalement penser, comme Socrate, que c'est un "merveilleux gain de mourir" ? Pour soi ou pour les autres ?
L'exposition Deadline au Musée d'art Moderne de la ville de Paris vous plongera dans ces questionnements infinis et troublants. Réunir ces artistes par l'analyse des oeuvres réalisées à ce moment si crucial d'une vie où les jours sont comptés, semblait au départ tirer sur le pathos. Mais, déambulant de salle en salle, devant la grandeur et la puissance (ajoutée ou non) des oeuvres, un malaise vous serre. On ne sait plus si l'on marche dans un cimetière ou si l'on est déjà au royaume d'Hadès... La mort nous impose-t-elle une lecture biaisée des oeuvres ou a-t-elle réellement insufflé au travail de ces artistes un dernier élan de vie ?
Il en va de même pour le film This is it, présentant l'oeuvre ultime de Michael Jackson... Ce regard a posteriori se veut presque comme une hypertrophie du deuil, un besoin nécrophage, ou au contraire un refoulement, un déni.
Le chanteur se dévoile sous les traits d'un perfectionniste forcené, noyé dans une passion dévorante. Le travail arrassant qu'il s'impose, dans une posture christique, l'a conduit à sa déchéance. Il avait certainement une grande conscience, à l'instar des artistes présentés dans Deadline, de cotoyer chaque jour un peu plus la mort. Ce qui insuffle à son oeuvre une force incroyable, une sublimation, vers une c(h)ristallisation.
La mort est iconophile, elle s'incarne par l'image. Elle transparaît dans les dernières oeuvres d'artistes talentueux devenus génies. Mais ces images qu'on nous offre pour une ultime génuflexion cherchent-elles à animer le souvenir du mort lui-même ou du vivant ? Deadline et This is it ne sont-ils pas simplement des Memento Mori modernes ?
samedi 31 octobre 2009
mardi 27 octobre 2009
General Patton vs. The X-ecutioners éphémères.
Le Louvre continue sa rédemption contemporaine en proposant cette fois un programme de performances, Ouvertures / Openings, en partenariat avec la Fiac. Le 24 octobre, c’est l’excellent artiste suisso-américain Christian Marclay qui était invité. Loin de ses brillantes dérives DJ-ratives, il endossait pour l’occasion l’élégant costume de chef-d’orchestre / compositeur conceptuel plus en rapport avec l’image du lieu.
La 1ère performance, Ephemera, jouait la carte de la virtuosité avec Steve Beresford au piano, transmutant les images visuelles de collages en forme de partitions de Marclay en images sonores. Une performance d’esprit néo-Fluxus mais qui laissait un certain nombre de portes interprétatives ouvertes.
La 2nde, Zoom Zoom, était, sur le papier, plus pertinente. Marclay, projetant des diapositives d’onomatopées extraites de la rue et de ses rejets commerciaux, se servait de la vocaliste Shelley Hirsch, comme d’un instrument doué d’intelligence. Le contrat, laissant libre cours à l’improvisation, était clair. Hirsch devait reproduire, réinterpréter selon sa volonté les sons visibles. Le lien à la 1ère performance se faisant ainsi de manière relativement évidente en renversant simplement les acteurs. Si l’aspect performatif interdisait toute forme de répétition qui aurait contraint le résultat final, on ne peut que regretter les limites de Shelley Hirsch dans cet exercice. Aussi peu franchement à l’aise dans sa réactivité que dans l’utilisation de ses pédales d’effets, Hirsch s’est noyée dans le flot ininterrompu d’images projetées, ne réussissant jamais réellement à dominer son sujet ni à rendre l’oeuvre vivante. Un dialogue image/son coupé, aussi décalé que dans l’oeuvre Up and Out du même Marclay (les images de Blow Up sur le son de Blow Out). Dommage.
Alors, une seule question vient à l’esprit : mais que faisait Mike Patton en cette nuit du 24 ? Cela ne lui disait vraiment pas de venir passer une Nuit au Musée ?
Et l’on se prend à rêver d’une reprise, voire mieux, que le groupe change de chanteur. Pour une fois que c’est le public qui le demande et ne le subit pas...
La 1ère performance, Ephemera, jouait la carte de la virtuosité avec Steve Beresford au piano, transmutant les images visuelles de collages en forme de partitions de Marclay en images sonores. Une performance d’esprit néo-Fluxus mais qui laissait un certain nombre de portes interprétatives ouvertes.
La 2nde, Zoom Zoom, était, sur le papier, plus pertinente. Marclay, projetant des diapositives d’onomatopées extraites de la rue et de ses rejets commerciaux, se servait de la vocaliste Shelley Hirsch, comme d’un instrument doué d’intelligence. Le contrat, laissant libre cours à l’improvisation, était clair. Hirsch devait reproduire, réinterpréter selon sa volonté les sons visibles. Le lien à la 1ère performance se faisant ainsi de manière relativement évidente en renversant simplement les acteurs. Si l’aspect performatif interdisait toute forme de répétition qui aurait contraint le résultat final, on ne peut que regretter les limites de Shelley Hirsch dans cet exercice. Aussi peu franchement à l’aise dans sa réactivité que dans l’utilisation de ses pédales d’effets, Hirsch s’est noyée dans le flot ininterrompu d’images projetées, ne réussissant jamais réellement à dominer son sujet ni à rendre l’oeuvre vivante. Un dialogue image/son coupé, aussi décalé que dans l’oeuvre Up and Out du même Marclay (les images de Blow Up sur le son de Blow Out). Dommage.
Alors, une seule question vient à l’esprit : mais que faisait Mike Patton en cette nuit du 24 ? Cela ne lui disait vraiment pas de venir passer une Nuit au Musée ?
Et l’on se prend à rêver d’une reprise, voire mieux, que le groupe change de chanteur. Pour une fois que c’est le public qui le demande et ne le subit pas...
lundi 26 octobre 2009
When Attitudes become Road.
Il y a 40 ans, le mythe s’invitait à la table de l’histoire. Derrière cette ouverture pompeuse, il est significatif de noter qu’alors qu’Harald Szeemann ouvrait When Attitudes become form, les Beatles signaient leur dernier enregistrement (bien que Let It Be sortit après) avec Abbey Road et offraient une des pochettes les plus marquantes de l’histoire de la musique populaire. Alors qu’écouter cet album revient à avoir la sensation d’être en présence d’un best of (comme avec presque tous les albums du groupe de Liverpool), l’exposition de Szeemann apparaît a posteriori comme un catalogue idéal de l’art conceptuel : Bochner, Andre, Beuys, Weiner, de Maria, Haacke, Lewitt.... bref, on frôle le all-star band artistique. Si les innovations esthétiques et musicales des Beatles (des pieds nus au medley final) marquent sur Abbey Road la fin d’un processus aux accents magiques, ce même processus s’inaugure avec When Attitudes become form. Simplement comme une continuation trans-substantielle de l’un dans l’autre.
P.S. : pour être tout à fait honnête, et complet, l’année 1969 a vu les sorties simultanées des 2 premiers albums de Led Zeppelin, du 3ème du Velvet Underground, du 1er des Stooges, de Hot Rats de Zappa, de Let it Bleed des Rolling Stones, du Soft Parade des Doors, du Tommy des Who, etc, etc. Il y a des années comme ça.... 1969 ou l’histoire du mythe continu.
P.S. : pour être tout à fait honnête, et complet, l’année 1969 a vu les sorties simultanées des 2 premiers albums de Led Zeppelin, du 3ème du Velvet Underground, du 1er des Stooges, de Hot Rats de Zappa, de Let it Bleed des Rolling Stones, du Soft Parade des Doors, du Tommy des Who, etc, etc. Il y a des années comme ça.... 1969 ou l’histoire du mythe continu.
dimanche 18 octobre 2009
The Fiery Furnaces / Tori Amos / Shannon Wright : et la Femme créa Dieu.
Les pionniers tels que Chuck Berry, Gene Vincent ou Jerry Lee Lewis ne l’avaient sans doute pas prévu, pas vu venir, pas même imaginé sans doute. Que les femmes, un jour, incarneraient le rock, en deviendraient les figures de proue, se transformeraient en divinités malfaisantes. Pourtant les symbolistes, à la fin du XIXe, les avaient mis en garde, avec raison. La Femme, vénéneuse, séductrice, inacessible, dominante, ils la craignaient. La désiraient, aussi.
A l’heure où le Centre Pompidou inaugure une présentation de sa collection consacrée aux artistes féminines, on peut s’interroger si la question du sexe, voire de la sexualisation de la culture est un critère déterminant dans l’appréciation de celle-ci dans nos sociétés occidentalisées ? Se poser la question reviendrait-il à répondre par l’affirmative ? Oui, sans doute. Mais comme il est étrange de se demander si la nationalité apporte une dimension pertinente à la lecture des oeuvres. Et quid de l’âge, du milieu social, des troubles psychologiques éventuels, de l’orientation sexuelle, du physique, de la résurrection de Sainte-Beuve ?
Alors oui, trois femmes ont enflammé Paris en cette rentrée, donnant une démonstration de rock dans des acceptions pourtant nettement différenciées. Eleanor Friedberger de The Fiery Furnaces ouvrait le bal le 23 septembre à la Maroquinerie. Dans une posture féministe typée 80’ à la Patti Smith, attirant par un charisme ce qu’elle semblait vouloir rejeter de sexualisation, la soeur de Matthew ne semblait pas capable d’échapper à son statut. Mais le souhaitait-elle seulement ? Rock déconstruit (du Derrirock ?), transfiguré vers l’essentiel, minimalisé, dans une beauté qui fuit le regard sous le joug de l’efficacité. The Fiery Furnaces, c’est la Cité Radieuse de Le Corbusier : on ne se rend pas compte à quel point c’est construit, intelligent, utile et esthétique. Ca à l’air indigeste. C’est un chef-d’oeuvre.
(photo achablive)
C’est sûr que Tori Amos au Palais des Congrès le 3 octobre jouait sur un autre registre. Dimension sexuelle assumée et affichée, Tori Amos s’amuse de son icône, désignée prêtresse du Purgatoire, entre beauté du Diable et peur du Paradis. Un rock élégant, troublant, fascinant, réhabilitant le piano comme élément premier du rock avant même la guitare. Certes, l’embourgeoisement doucereux accentué par le contexte couvre quelque peu l’imagerie dérangeante de la satanique chanteuse, une Mother Lucifer qui a choisi le travestissement pour mieux séduire et tromper. Comment ne pas être, à notre tour, en entendant sa voix, tentatrice, « abnormally attracted to sin » ?
En ce qui concerne la dernière de notre triade/triumvirat, la question ne se pose pas dans les mêmes conditions. Shannon Wright est rock. Originel, charnel, puissant. Elle sait, sur sa Jazzmaster, qu’avoir un tel jeu au doigt a coûté son âme à Robert Johnson. Elle ne semble pas y prêter une attention particulière. Comme à rien d’autre d’ailleurs que sa musique. Nerveuse, tendue, sombre et attirante, sans être séductrice, aux (ch)armes cachées, comme un rappel de ce qu’a été et doit continuer d’être le rock depuis 55 ans. Une leçon de fusion musique/interprète jusqu’au trouble. Une violence intérieure, intégrée, débordant parfois de cette Méduse menaçante.
Trois femmes comme autant de possibilités d’envisager un avenir radieux pour le rock. Trois expressions de la Terribilità. Trois débordements qui attirent vers le gouffre. Trois incarnations décrivant une nouvelle Trinité. Forcément inversée... et renversante.
A l’heure où le Centre Pompidou inaugure une présentation de sa collection consacrée aux artistes féminines, on peut s’interroger si la question du sexe, voire de la sexualisation de la culture est un critère déterminant dans l’appréciation de celle-ci dans nos sociétés occidentalisées ? Se poser la question reviendrait-il à répondre par l’affirmative ? Oui, sans doute. Mais comme il est étrange de se demander si la nationalité apporte une dimension pertinente à la lecture des oeuvres. Et quid de l’âge, du milieu social, des troubles psychologiques éventuels, de l’orientation sexuelle, du physique, de la résurrection de Sainte-Beuve ?
Alors oui, trois femmes ont enflammé Paris en cette rentrée, donnant une démonstration de rock dans des acceptions pourtant nettement différenciées. Eleanor Friedberger de The Fiery Furnaces ouvrait le bal le 23 septembre à la Maroquinerie. Dans une posture féministe typée 80’ à la Patti Smith, attirant par un charisme ce qu’elle semblait vouloir rejeter de sexualisation, la soeur de Matthew ne semblait pas capable d’échapper à son statut. Mais le souhaitait-elle seulement ? Rock déconstruit (du Derrirock ?), transfiguré vers l’essentiel, minimalisé, dans une beauté qui fuit le regard sous le joug de l’efficacité. The Fiery Furnaces, c’est la Cité Radieuse de Le Corbusier : on ne se rend pas compte à quel point c’est construit, intelligent, utile et esthétique. Ca à l’air indigeste. C’est un chef-d’oeuvre.
(photo achablive)
C’est sûr que Tori Amos au Palais des Congrès le 3 octobre jouait sur un autre registre. Dimension sexuelle assumée et affichée, Tori Amos s’amuse de son icône, désignée prêtresse du Purgatoire, entre beauté du Diable et peur du Paradis. Un rock élégant, troublant, fascinant, réhabilitant le piano comme élément premier du rock avant même la guitare. Certes, l’embourgeoisement doucereux accentué par le contexte couvre quelque peu l’imagerie dérangeante de la satanique chanteuse, une Mother Lucifer qui a choisi le travestissement pour mieux séduire et tromper. Comment ne pas être, à notre tour, en entendant sa voix, tentatrice, « abnormally attracted to sin » ?
En ce qui concerne la dernière de notre triade/triumvirat, la question ne se pose pas dans les mêmes conditions. Shannon Wright est rock. Originel, charnel, puissant. Elle sait, sur sa Jazzmaster, qu’avoir un tel jeu au doigt a coûté son âme à Robert Johnson. Elle ne semble pas y prêter une attention particulière. Comme à rien d’autre d’ailleurs que sa musique. Nerveuse, tendue, sombre et attirante, sans être séductrice, aux (ch)armes cachées, comme un rappel de ce qu’a été et doit continuer d’être le rock depuis 55 ans. Une leçon de fusion musique/interprète jusqu’au trouble. Une violence intérieure, intégrée, débordant parfois de cette Méduse menaçante.
Trois femmes comme autant de possibilités d’envisager un avenir radieux pour le rock. Trois expressions de la Terribilità. Trois débordements qui attirent vers le gouffre. Trois incarnations décrivant une nouvelle Trinité. Forcément inversée... et renversante.
jeudi 15 octobre 2009
Rien n'est vrai, tout est permis.
Death in June est un groupe mythique, mystique et mystérieux. Des ambiances funéraires et glaciales se déploient par une musique "dark folk" mais également par un souci constant à l'élaboration d'un univers complexe. DIJ s'inspire aussi bien de l'occultisme que de l'histoire européenne oubliée (volontairement ou non). Jouant avec des symboles tendancieux (la "totenkopf" ou la "Whip-Hand"), ils parviennent toujours, par téléscopage et confrontation, à construire une imagerie cohérente et puissante. Mais ce qu'ils recherchent avant tout c'est ritualiser la musique.
L'album Nada (1985), particulièrement, (bien que selon Douglas Pierce, Brown Book en serait un meilleur exemple) incarne cette volonté d'explorer à la fois le paganisme, l'ésotérisme et l'histoire. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la pochette mystérieuse qui accompagne l'oeuvre musicale.
Trois hommes (Pierce, Leagas, Wakeford/Tibet ?) de dos, sont face à un mur, comme se recueillant devant un autel. Au sol, une dalle en marbre ornée d'une croix latine se veut être le receptacle sacré d'un crâne et de trois épées. A la fois tapis de loge maçonnique et espace rituel, ce socle, derrière un portail ouvert, nous convie à la "cérémonie". Cette image ambigue, empreinte d'hermétisme, questionne.
Certains artistes s'y sont d'ailleurs intéressés de près. Le norvégien converti américain Gardar Eide Einarsson présente actuellement à la galerie Bugada/Cargnel une peinture "Nada(1985)" y faisant directement allusion. Dans un jeu de clair-obscur ultra contrasté, cet "outlaw" de l'image n'a gardé que le personnage central (Pierce). Les éléments du décor sont noyés dans cette pénombre inquiètante. On connaît l'intérêt récurrent d'Einarsson pour des sujets controversés imbibés de violence, de questionnement de l'autorité, et d'analyse du pouvoir. Revisitant sans cesse une iconographie riche et hétérogène, il creuse et révèle avec minimalisme ce qui dérange. On peut facilement imaginer ce qui, chez Death In June, a pu l'intéresser. De manière plus distancée, l'artiste anglais Seb Patane a lui aussi fait allusion à cet album dans " 93 dead sunwheels" (il existe deux versions de cette pièce) et à DIJ en général dans l'installation "Kollapsing new people". "93 dead sunwheels" est aussi le titre d'une compilation de DIJ dont la pochette reprend celle de Nada, avec cette fois-ci un néophyte en rite de passage... Aussi, les artistes sont-ils également en quête de ritualisation ou cherchent-ils à nous initier ?
Plusieurs messes sont célebrées : du Palais de Tokyo à la galerie Bugada en passant par la fondation Ricard, Gardar Eide Einarsson prophétise. Et bientôt Seb Patane chez Maureen Paley... On vous aura prévenu...
Gardar Eide Einarsson, Nada (1985), 2009, acrylique et crayon sur toile, 160 x 120 cm
Seb Patane, 93 Dead Sunwheels, 2005, pupitres peints, encre, pochettes de dique, 150x80x40 cm
mardi 6 octobre 2009
Suicide Circle.
Cette semaine, vous n'entendez parler que de cela: la Fashion Week... Bon, s'il est vrai que l'art et la musique ont toujours été très influents vis-à-vis du milieu de la mode, notons quand même que cela fait un moment que l'on nous inonde de "rock attitude". Le rock devient cliché. Alors, on creuse, on se joue d'heurétique, on veut excaver la référence ultime... Et depuis quelques temps, on redécouvre le Black Metal et son potentiel esthétique puissant. Dans l'art bien sur (Violette, Meelgard, Gumhold et bien d'autres) où le BM se révèle être un outil tout a fait pertinent, mais dans la mode, ne sont récupérés que sa superficialité et son apparente violence (cf : Anti Sweden).
Citons donc, parmi d'autres, certains de ces créateurs qui ont déterrés les looks de ces jeunes guerriers nordiques : Rick Owens, notamment sa collection DRKSHDW, Jaiden rva James ou encore Ann Demeulemeester.
Mais les plus inspirés sont quand même Alexandre Herchcovitch qui en 2009 proposait un défilé où le "corpse paint" faisait son grand retour, et dernièrement, le jeune Austin Sherbanenko et sa marque aux accents scandinaves Odyn Vovk (alors que ce n'est que de l'ukrainien mais dont la traduction "un loup" n'est pas sans rappeler le Fenrir). Vu aussi la black metal barbie...Brrr!
Le black metal est partout et même jusque dans vos salles de cinéma... Le documentaire Until the Lights takes us de Audrey Ewell et Aaron Aites, en pleine tournée européenne actuellement, vous replonge aux côtés des acteurs principaux du mouvement, dans les heures sombres de la Norvège des années 90. Pas de grandes découvertes pour les initiés, mais c'est toujours un regard intéressant. Et enfin, c'est Hollywood qui s'apprête a nous délivrer une version de "Lord of Chaos", ouvrage contesté et incontestable sur ledit mouvement, après avoir longtemps intéressé Asia Argento, l'histoire sera mise en lumière par Shion Sono... Autant dire que le Black fait encore beaucoup de bruit, et le silence imposé par l'attente d'un nouvel album de Burzum ne fait rien pour arranger cela... Et si ce n'était tout simplement pas l'heure de son suicide ?
Rick Owens
Alexandre Herchcovitch S/S 08
Odyn Vovk
D-Mode magazine, Octobre 08 "black metal barbies"
Citons donc, parmi d'autres, certains de ces créateurs qui ont déterrés les looks de ces jeunes guerriers nordiques : Rick Owens, notamment sa collection DRKSHDW, Jaiden rva James ou encore Ann Demeulemeester.
Mais les plus inspirés sont quand même Alexandre Herchcovitch qui en 2009 proposait un défilé où le "corpse paint" faisait son grand retour, et dernièrement, le jeune Austin Sherbanenko et sa marque aux accents scandinaves Odyn Vovk (alors que ce n'est que de l'ukrainien mais dont la traduction "un loup" n'est pas sans rappeler le Fenrir). Vu aussi la black metal barbie...Brrr!
Le black metal est partout et même jusque dans vos salles de cinéma... Le documentaire Until the Lights takes us de Audrey Ewell et Aaron Aites, en pleine tournée européenne actuellement, vous replonge aux côtés des acteurs principaux du mouvement, dans les heures sombres de la Norvège des années 90. Pas de grandes découvertes pour les initiés, mais c'est toujours un regard intéressant. Et enfin, c'est Hollywood qui s'apprête a nous délivrer une version de "Lord of Chaos", ouvrage contesté et incontestable sur ledit mouvement, après avoir longtemps intéressé Asia Argento, l'histoire sera mise en lumière par Shion Sono... Autant dire que le Black fait encore beaucoup de bruit, et le silence imposé par l'attente d'un nouvel album de Burzum ne fait rien pour arranger cela... Et si ce n'était tout simplement pas l'heure de son suicide ?
Rick Owens
Alexandre Herchcovitch S/S 08
Odyn Vovk
D-Mode magazine, Octobre 08 "black metal barbies"
lundi 5 octobre 2009
Marilyn Jackson : La Monnaie de sa Pièce.
Marilyn Manson, personnage puissant et atypique, nous poursuit depuis bientôt 15 ans. On l’a vu évoluer, se transformer, sortir de sa chrysalide, mourir et renaître des ses cendres.
On le sait, son « œuvre » est ultra référencée, riche et enfin de compte parfaitement post-moderne. Il puise aussi bien dans l’art, la littérature que dans la musique elle-même. En véritable alchimiste, il transmute les matières, cherche l’or même s’il semble que sa phase de prédilection soit le Nigredo.
Au vu de l’impact laissé par la disparition de Michael Jackson, on se demande si ce cher dandy décadent doit ou non quelque chose au King of Pop ?
Manson dès le départ a fait savoir ses aspirations de grandeur, ses ambitions de toute puissance. Il y parviendra même si cela doit passer par le scandale et la provocation. Comme Jackson, son parcours tient à la fois du réel et du fantasme.
Leur délir de grandeur est ostentatoire et joue d’une certaine volonté de rassemblement des peuples pour une meilleure diffusion du message. Incarner un leader, un porte-parole, et jouir d’un charisme populiste voire totalitaire semble le moyen à la fois d’installer une certaine toute puissance mais aussi de convertir les novices.
Si Manson s’est référé de manière parodique au nazisme, Jackson s’inspire davantage d’un impérialisme adulé. Le clip vidéo semble particulièrement accélérer la propagande. Les drapeaux, les tenues militaires, la présence de soldats sont autant d’outils sémiologiques récurrents.
En tant que leader, il s’agit dès lors d’accepter son statut. Si Jackson porte son succès comme une croix sur laquelle son talent sera sacrifié, Manson, en jouit et s’en amuse. Mais en 99, après le massacre de Columbine, bouc émissaire et montré du doigt par tous, il connaît les revers pervers de son succès. Tous deux, très présents dans les médias, deviennent irréels, ne vivent qu’aux travers de récits et de rumeurs, et deviennent des produits du monde culturel.
Manson, comme Jackson joue un rôle, porte un masque et incarne l’autre,
l’ étranger. Son physique particulier, ses looks extravagants, ses multiples personnalités (l’Antéchrist, Omega, Mercury, Arch Dandy…) intriguent et fascinent. Il devient insaisissable, complexe, il est un « freak ». Leur étrangeté (désir de métamorphoses, androgynie) en fait des monstres. Ils construisent tous deux leur identité sur une dualité fragile.
Manson et Jackson partagent également un goût pour la fantaisie, l’univers enfantin. L’un va incarner l’enfant rebelle en dévoilant la face sombre de cette période charnière de la construction de soi et l’autre idéalise et sublime cet état de pureté et se construit une vision onirique de l’enfance (certes les contes de fées jouent un rôle primordial –Bettelheim- mais ils sont à saisir dans une dimension manichéenne). Avec les Spooky Kids, Manson, réinterprète les codes venant de l’enfance (Charlie et la chocolaterie, lunchbox, présence d’enfants dans plusieurs clips, couleurs acidulées, postures…) et évoque davantage le pervers polymorphe que l’innocent bambin. Le clip « Dop Hat » est à ce point particulièrement intéressant en ce qu’il ressemble étrangement à celui de « Leave me alone » de Michael Jackson.
Tous deux sont des icônes de la culture populaire. Si Jackson en serait le dieu, Manson pourrait incarner son envers, le diable. Mais ils agissent dans un but commun : la prise de conscience. Michael Jackson a inspiré un grand nombre de musiciens, mais Manson, qui peut en être l’héritier le moins évident, surtout d'un point de vue musical, récupère et se sert de l'histoire jacksonienne. Il voue une grande admiration à son aîné. Il possède même une collection à son effigie… trahissant sûrement un désir d’identification !
On le sait, son « œuvre » est ultra référencée, riche et enfin de compte parfaitement post-moderne. Il puise aussi bien dans l’art, la littérature que dans la musique elle-même. En véritable alchimiste, il transmute les matières, cherche l’or même s’il semble que sa phase de prédilection soit le Nigredo.
Au vu de l’impact laissé par la disparition de Michael Jackson, on se demande si ce cher dandy décadent doit ou non quelque chose au King of Pop ?
Manson dès le départ a fait savoir ses aspirations de grandeur, ses ambitions de toute puissance. Il y parviendra même si cela doit passer par le scandale et la provocation. Comme Jackson, son parcours tient à la fois du réel et du fantasme.
Leur délir de grandeur est ostentatoire et joue d’une certaine volonté de rassemblement des peuples pour une meilleure diffusion du message. Incarner un leader, un porte-parole, et jouir d’un charisme populiste voire totalitaire semble le moyen à la fois d’installer une certaine toute puissance mais aussi de convertir les novices.
Si Manson s’est référé de manière parodique au nazisme, Jackson s’inspire davantage d’un impérialisme adulé. Le clip vidéo semble particulièrement accélérer la propagande. Les drapeaux, les tenues militaires, la présence de soldats sont autant d’outils sémiologiques récurrents.
En tant que leader, il s’agit dès lors d’accepter son statut. Si Jackson porte son succès comme une croix sur laquelle son talent sera sacrifié, Manson, en jouit et s’en amuse. Mais en 99, après le massacre de Columbine, bouc émissaire et montré du doigt par tous, il connaît les revers pervers de son succès. Tous deux, très présents dans les médias, deviennent irréels, ne vivent qu’aux travers de récits et de rumeurs, et deviennent des produits du monde culturel.
Manson, comme Jackson joue un rôle, porte un masque et incarne l’autre,
l’ étranger. Son physique particulier, ses looks extravagants, ses multiples personnalités (l’Antéchrist, Omega, Mercury, Arch Dandy…) intriguent et fascinent. Il devient insaisissable, complexe, il est un « freak ». Leur étrangeté (désir de métamorphoses, androgynie) en fait des monstres. Ils construisent tous deux leur identité sur une dualité fragile.
Manson et Jackson partagent également un goût pour la fantaisie, l’univers enfantin. L’un va incarner l’enfant rebelle en dévoilant la face sombre de cette période charnière de la construction de soi et l’autre idéalise et sublime cet état de pureté et se construit une vision onirique de l’enfance (certes les contes de fées jouent un rôle primordial –Bettelheim- mais ils sont à saisir dans une dimension manichéenne). Avec les Spooky Kids, Manson, réinterprète les codes venant de l’enfance (Charlie et la chocolaterie, lunchbox, présence d’enfants dans plusieurs clips, couleurs acidulées, postures…) et évoque davantage le pervers polymorphe que l’innocent bambin. Le clip « Dop Hat » est à ce point particulièrement intéressant en ce qu’il ressemble étrangement à celui de « Leave me alone » de Michael Jackson.
Tous deux sont des icônes de la culture populaire. Si Jackson en serait le dieu, Manson pourrait incarner son envers, le diable. Mais ils agissent dans un but commun : la prise de conscience. Michael Jackson a inspiré un grand nombre de musiciens, mais Manson, qui peut en être l’héritier le moins évident, surtout d'un point de vue musical, récupère et se sert de l'histoire jacksonienne. Il voue une grande admiration à son aîné. Il possède même une collection à son effigie… trahissant sûrement un désir d’identification !
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