Marilyn Manson, personnage puissant et atypique, nous poursuit depuis bientôt 15 ans. On l’a vu évoluer, se transformer, sortir de sa chrysalide, mourir et renaître des ses cendres.
On le sait, son « œuvre » est ultra référencée, riche et enfin de compte parfaitement post-moderne. Il puise aussi bien dans l’art, la littérature que dans la musique elle-même. En véritable alchimiste, il transmute les matières, cherche l’or même s’il semble que sa phase de prédilection soit le Nigredo.
Au vu de l’impact laissé par la disparition de Michael Jackson, on se demande si ce cher dandy décadent doit ou non quelque chose au King of Pop ?
Manson dès le départ a fait savoir ses aspirations de grandeur, ses ambitions de toute puissance. Il y parviendra même si cela doit passer par le scandale et la provocation. Comme Jackson, son parcours tient à la fois du réel et du fantasme.
Leur délir de grandeur est ostentatoire et joue d’une certaine volonté de rassemblement des peuples pour une meilleure diffusion du message. Incarner un leader, un porte-parole, et jouir d’un charisme populiste voire totalitaire semble le moyen à la fois d’installer une certaine toute puissance mais aussi de convertir les novices.
Si Manson s’est référé de manière parodique au nazisme, Jackson s’inspire davantage d’un impérialisme adulé. Le clip vidéo semble particulièrement accélérer la propagande. Les drapeaux, les tenues militaires, la présence de soldats sont autant d’outils sémiologiques récurrents.
En tant que leader, il s’agit dès lors d’accepter son statut. Si Jackson porte son succès comme une croix sur laquelle son talent sera sacrifié, Manson, en jouit et s’en amuse. Mais en 99, après le massacre de Columbine, bouc émissaire et montré du doigt par tous, il connaît les revers pervers de son succès. Tous deux, très présents dans les médias, deviennent irréels, ne vivent qu’aux travers de récits et de rumeurs, et deviennent des produits du monde culturel.
Manson, comme Jackson joue un rôle, porte un masque et incarne l’autre,
l’ étranger. Son physique particulier, ses looks extravagants, ses multiples personnalités (l’Antéchrist, Omega, Mercury, Arch Dandy…) intriguent et fascinent. Il devient insaisissable, complexe, il est un « freak ». Leur étrangeté (désir de métamorphoses, androgynie) en fait des monstres. Ils construisent tous deux leur identité sur une dualité fragile.
Manson et Jackson partagent également un goût pour la fantaisie, l’univers enfantin. L’un va incarner l’enfant rebelle en dévoilant la face sombre de cette période charnière de la construction de soi et l’autre idéalise et sublime cet état de pureté et se construit une vision onirique de l’enfance (certes les contes de fées jouent un rôle primordial –Bettelheim- mais ils sont à saisir dans une dimension manichéenne). Avec les Spooky Kids, Manson, réinterprète les codes venant de l’enfance (Charlie et la chocolaterie, lunchbox, présence d’enfants dans plusieurs clips, couleurs acidulées, postures…) et évoque davantage le pervers polymorphe que l’innocent bambin. Le clip « Dop Hat » est à ce point particulièrement intéressant en ce qu’il ressemble étrangement à celui de « Leave me alone » de Michael Jackson.
Tous deux sont des icônes de la culture populaire. Si Jackson en serait le dieu, Manson pourrait incarner son envers, le diable. Mais ils agissent dans un but commun : la prise de conscience. Michael Jackson a inspiré un grand nombre de musiciens, mais Manson, qui peut en être l’héritier le moins évident, surtout d'un point de vue musical, récupère et se sert de l'histoire jacksonienne. Il voue une grande admiration à son aîné. Il possède même une collection à son effigie… trahissant sûrement un désir d’identification !
lundi 5 octobre 2009
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