dimanche 25 septembre 2011

Survie en territoire Zombie : Genest vs. Manson.

Lier ce sujet à la Fashion week ou à Halloween semble être de la même pertinence. Ce qui compte c'est l'observation d'un phénomène (paranormal ?).

L'histoire de Rick Genest a tout du conte de fée, plutôt Andersen que Perrault. Ce jeune canadien décida, sa majorité passée, de faire de son corps l'objet de sa reconnaissance et plus tard son outil de travail. Sa peau toute entière, quasiment donc sur 2 m², est dévolue à la représentation de la décomposition, de la mort, entre un memento mori et un hommage aux films d'horreur, principale source d'inspiration du zombie tatoué. Cette démarche absolue, dont il fit la promotion via internet, aboutit très vite à une notoriété virtuelle, dans un premier temps puis, par le battement d'aile d'un papillon, à la concrétisation de ses espoirs. Il pose pour le magazine Dressed to Kill qui lui permet d'être découvert par le styliste de Lady Gaga, Nicola Formichetti. S'en suit donc une apparition très remarquée dans le clip de Born this way, puis des clichés pour la marque Mugler ainsi que des défilés. Sa carrière est désormais lancée mais c'est le milieu underground qu'affectionne particulièrement cet énergumène. Il n'oublie pas d'où il vient, ni ses premières amours pour le théâtre burlesque. Il officie toujours avec sa troupe Lucifer's Blasphemous.


Cet univers n'est pas sans rappeler celui du dernier clip ultra référencé de Marilyn Manson qui sous l'oeil de Shia LaBeouf (!?!), dévoile son nouveau titre Born Villain.... Manson en Jodorowsky mélomane, entouré de freaks modernes, tantôt perçés, tantôt suspendus, est né de cette façon, méchant.... Ouououh !


Si Rick Genest aka Zombie Boy n'est que le cobaye d'une société ephémère, Manson, en sorcier vaudou, en ferait alors la pertinente satire.




samedi 17 septembre 2011

Golden suicides - Chemical sundown.

Le mythe de l'artiste torturé existe bien encore. Il n'est pas l'apanage de l'ère romantique. Le mythe de l'artiste torturé fait de l'artiste lui-même un mythe. Que son art s'en ressente ou non, certains devenus martyrs sous un geste autolytique laissent une trace sanglante et puissante de leur passage étincelant.


Spiritualized (wears velvet gloves...) (détail), 2002, huile sur toile, 7 panneaux

Avant la disparition prématurée du viking Dash Snow, l'artiste Jeremy Blake, alors en pleine ascension, choisit en 2007 une destinée tout aussi tragique en rejoignant à jamais sa compagne Theresa Duncan.
L'artiste, reconnu comme vidéaste dès la fin des années 1990, a développé un travail autour de l'image d'une intensité réelle dont l'esthétique oscille souvent entre figuration et abstraction. Ses peintures, dessins et autres installations, moins connus, questionnent les fondements de l'art en combinant les différents médias.


pochette de l'album Sea Change de Beck réalisé par Jeremy Blake

Mais ce que l'on retient le plus de Jeremy Blake n'est pas son oeuvre.
Sa vie, croisée à celle de Theresa, créatrice de jeux vidéo, ferait l'objet d'un film. Sous la plume de Bret Easton Ellis au scénario, aidé de Gus Van Sant (pressenti au départ à la réalisation), leur sombre histoire s'étalerait sous la pellicule tranchante de Gaspar Noé. The Golden Suicides, un film pour dévoiler l'étonnante descente aux enfers du couple qui, se croyant persécutés par la scientologie, mis fin à leur jour à une semaine d'intervalle.


Winchester (still), extrait de Winchester trilogy, 2002; DVD avec son; 18 minutes en boucle; courtesy of the artist and Feigen Contemporary, New York

Quant la destinée précipite l'oeuvre dans le mythe, l'art n'est plus rien. Il faut espérer que le film puisse redonner au travail de Jeremy Blake sa richesse qui s'est vue écrasée par l'ombre trop envahissante du drame.
En attendant la sortie de celui-ci, l'exposition de l'artiste à la galerie Kinz+Tillou de New York ouvrant ce 19 septembre, vous fera oublié un temps ce que l'histoire, avec l'aide des médias, a bien voulu retenir de Jeremy Blake.