En octobre dernier, on se demandait si le groupe américian Liturgy ne pouvait pas être le nouveau visage du Black Metal... La réponse définitive, entière, certaine et indubitable est affirmative.
Leur nouvel album Aesthethica (mal orthographié une fois sur deux) est tout simplement une révélation, quasiment une théophanie. Rares sont les moments comme ceux là où les choses semblent si évidentes. Enfin un groupe qui pousse les limites de la musique, qui réinvente les genres supposément connus, qui fait avancer l'histoire en somme.
Enchainant brillamment les morceaux, du puissant High Gold à l'intense souffle instrumental Generation (quasiment un seul et même accord sur 7 mn), les obsédants chants liturgiques laissent place aux constructions mathématiques et complexes de Sun Light, laissant glisser ensuite le lubrique Red Crown, l'album est si intelligemment construit qu'il interroge à chaque note nos croyances les plus profondes.
Si la musique est savante, elle n'en est pas moins sensible.
Aesthethica tente une combinaison de l'esthétique, du beau à l'ethique, le bon, et reprend ainsi Wittgenstein pour qui les deux "ne font qu'un". Au regard de la pochette, réalisée par Hunter Hunt-Hendrix, le chanteur, le bon correspondrait à la croix latine, et le beau serait la croix inversée. Voir la beauté dans le mal et la révéler serait l'ambition principale du groupe ou comment, en réinvantant les codes du Black Metal (apophatisme), ils parviennent à acceder à une certaine idée de la transcendance (notion inhérente au groupe lui-même).
L'écoute de cette oeuvre s'apparente à une vision intellectuelle, ébranlant jusqu'à nos facultés d'entendement.
Returner - Liturgy - clip réalisé par l'artiste Zev Deans
En attendant une prochaine tournée en France à la rentrée, on a pu goûter aux rejouissances sonores de Hunter Hunt-Hendrix lors d'une performance puissante qu'il a donnée à la galerie Olivier Robert en début de mois. Un veritable lucernaire avant la grand-messe...
mardi 31 mai 2011
Pere Ubu - Rhys Chatham - American Rock Kings.
John Lennon se demandait comment entrer dans l'histoire (en étant plus célèbre que Jésus par exemple), il s'oppose toutefois à la muséification en affirmant que dès qu'on l'aura mis dans un musée, tout sera fini. Contradictoire ?
Le rock a fini, au dépend de sa contemporanéité, par s'institutionnaliser, passant de la sous-culture au monde élististe et bien pensant. Ses memorabilia et autres objets cultes (même des places de concerts le sont) deviennent des reliques à vénérer, placer sous cloches de verre. Mais, finalement, le culte de la personnalité incarné par les icônes rock n'est qu'une amorce logique à la fétichisation et du coup à l'entrée du rock dans les musées.
On se demande alors si le rock ne voit pas à nouveau sa mort refaire surface...
A ce sujet, Stéphane Malfettes a réalisé entre février et avril 2011 un "American Rock Trip", un périple musical et muséal de Seattle à New York, dans le but de visiter pas moins de 30 institutions dédiées aux cultures populaires, du mythique Rock and Roll Hall of Fame au sinistre Roy Orbison Museum. Son périple passionnant qui fera vraisemblablement l'objet d'un livre, est résumé en quelques étapes clés ici.
Itinéraire de l'American Rock Trip de Stephane Malfettes
Il raconte par exemple sa rencontre improbable au Thomas Edison Birthplace Museum avec Robert Wheeler de Pere Ubu qui n'est autre que le directeur du musée en sa qualité d'arrière-arrière-petit-neveu.
En parlant de Pere Ubu, on constate que les oeuvres muséales peuvent être juste sous nos yeux...
Deux icônes No Wave se sont produits tels des mirages fulgurants sur la péniche du Batofar Rhys Chatham et Pere Ubu...
David Thomas de Pere Ubu au Batofar
Rhys Chatham n'a pas toujours besoin de 100 guitares
Le rock a fini, au dépend de sa contemporanéité, par s'institutionnaliser, passant de la sous-culture au monde élististe et bien pensant. Ses memorabilia et autres objets cultes (même des places de concerts le sont) deviennent des reliques à vénérer, placer sous cloches de verre. Mais, finalement, le culte de la personnalité incarné par les icônes rock n'est qu'une amorce logique à la fétichisation et du coup à l'entrée du rock dans les musées.
On se demande alors si le rock ne voit pas à nouveau sa mort refaire surface...
A ce sujet, Stéphane Malfettes a réalisé entre février et avril 2011 un "American Rock Trip", un périple musical et muséal de Seattle à New York, dans le but de visiter pas moins de 30 institutions dédiées aux cultures populaires, du mythique Rock and Roll Hall of Fame au sinistre Roy Orbison Museum. Son périple passionnant qui fera vraisemblablement l'objet d'un livre, est résumé en quelques étapes clés ici.
Itinéraire de l'American Rock Trip de Stephane Malfettes
Il raconte par exemple sa rencontre improbable au Thomas Edison Birthplace Museum avec Robert Wheeler de Pere Ubu qui n'est autre que le directeur du musée en sa qualité d'arrière-arrière-petit-neveu.
En parlant de Pere Ubu, on constate que les oeuvres muséales peuvent être juste sous nos yeux...
Deux icônes No Wave se sont produits tels des mirages fulgurants sur la péniche du Batofar Rhys Chatham et Pere Ubu...
David Thomas de Pere Ubu au Batofar
Rhys Chatham n'a pas toujours besoin de 100 guitares
lundi 30 mai 2011
Palingénésie-1.
Glenn Branca jouant sur une guitare à deux corps (2007) permettant selon lui d'obtenir, grâce à la longueur des cordes, des harmonies spécifiques amplifiées par les doubles micros.
Bas Koopmans, Stereo, 2009
Naama Tsabaar, Doublecherryburst, 2010
N'est pas toujours artiste celui que l'on croit...
vendredi 27 mai 2011
Considération inactuelle - 4 : l'obsession adolescente.
Voilà ce qu'apporte une renommée montante... Confusions et quiproquo. Connaissance des arts victime du syndrôme de Stendhal !
Steven Shearer serait né en 2006, et exposera en 2017 et 2020 ! Il est précoce quand même !
Steven Shearer serait né en 2006, et exposera en 2017 et 2020 ! Il est précoce quand même !
Steven Shearer, tout un poème.
Vous en avez un peu, êtes en train, et allez surtout entendre parler de l'artiste canadien Steven Shearer...
Self, Steven Shearer
Alors que la Biennale de Venise, s'apprête à ouvrir ses portes, l'artiste dévoile déjà le contenu de son pavillon. Prendre possession des lieux, l'assumer et non l'abstraire aux oeuvres, telle est son ambition.
A l'entrée du pavillon, on retrouvera un de ses abris de jardin. Elément récurrent dans sa pratique, entre ode à la vie suburbaine et fantasme adolescent du lieu secret. Bien sûr seront présentés également ses fameux Poem dont un spécifique Poem for Venice composé comme à son habitude de paroles extraites de chansons de Death Metal.
1900 (Man Sitting), huile sur toile, 2005
Steven Shearer est un obsessionnel, il collectionne, accumule, répète (comme l'a très bien démontré le texte A lad Insane dans le journal Particules #23). Mais pour Venise, il ne parlera pas de Leif Garret (une figure récurrente de son oeuvre, une muse). Des adolescents aux cheveux longs hanteront pourtant bel et bien l'espace.
On pourra notamment voir ou revoir la sublime peinture 1900, pièce emblématique de sa production.
Il présentera donc un ensemble de 60 dessins sous boite de verre, 12 peintures de petit format et bien sûr une installation.
Fait intéressant : les dessins qui seront présentés ont été réalisé dans un café proche de son studio qui pourtant lui offre toute la place nécessaire (1000 m2) ! S'il aime la simplicité et la spontanéité, il est à noter que lui-même est loin d'être imbus de sa personne et s'il refuse d'être photographié, c'est en parti (par timidité sans doute) pour conserver toute neutralité.
La musique coule dans ses veines vous l'aurez compris, souvenir de ses heures passées à égrener sa guitare dans le sous-sol de la maison familiale, sous-sol qui lui a également servi à aiguiser son coup de crayon. Et c'est tout naturellement que le journal C.S (fanzine mêlant art contemporain et musique extrême) l'a invité, à la suite du numero 2 consacré à Elodie Lesourd et sa relation au Black metal, pour son nouveau numéro.
journal C.S. , issue #3
Vous n'avez pas fini d'entendre parler de Steven Shearer (en 2013, la National Gallery de Londres s'offre à lui). Enfin !!! Et tant mieux !
Self, Steven Shearer
Alors que la Biennale de Venise, s'apprête à ouvrir ses portes, l'artiste dévoile déjà le contenu de son pavillon. Prendre possession des lieux, l'assumer et non l'abstraire aux oeuvres, telle est son ambition.
A l'entrée du pavillon, on retrouvera un de ses abris de jardin. Elément récurrent dans sa pratique, entre ode à la vie suburbaine et fantasme adolescent du lieu secret. Bien sûr seront présentés également ses fameux Poem dont un spécifique Poem for Venice composé comme à son habitude de paroles extraites de chansons de Death Metal.
1900 (Man Sitting), huile sur toile, 2005
Steven Shearer est un obsessionnel, il collectionne, accumule, répète (comme l'a très bien démontré le texte A lad Insane dans le journal Particules #23). Mais pour Venise, il ne parlera pas de Leif Garret (une figure récurrente de son oeuvre, une muse). Des adolescents aux cheveux longs hanteront pourtant bel et bien l'espace.
On pourra notamment voir ou revoir la sublime peinture 1900, pièce emblématique de sa production.
Il présentera donc un ensemble de 60 dessins sous boite de verre, 12 peintures de petit format et bien sûr une installation.
Fait intéressant : les dessins qui seront présentés ont été réalisé dans un café proche de son studio qui pourtant lui offre toute la place nécessaire (1000 m2) ! S'il aime la simplicité et la spontanéité, il est à noter que lui-même est loin d'être imbus de sa personne et s'il refuse d'être photographié, c'est en parti (par timidité sans doute) pour conserver toute neutralité.
La musique coule dans ses veines vous l'aurez compris, souvenir de ses heures passées à égrener sa guitare dans le sous-sol de la maison familiale, sous-sol qui lui a également servi à aiguiser son coup de crayon. Et c'est tout naturellement que le journal C.S (fanzine mêlant art contemporain et musique extrême) l'a invité, à la suite du numero 2 consacré à Elodie Lesourd et sa relation au Black metal, pour son nouveau numéro.
journal C.S. , issue #3
Vous n'avez pas fini d'entendre parler de Steven Shearer (en 2013, la National Gallery de Londres s'offre à lui). Enfin !!! Et tant mieux !
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