Avez-vous déjà regardé un film d'horreur en un bel après-midi d'été, entouré d'enfants jouant autour de la piscine ? C’est à peu près la sensation que procurait le showcase de Zola Jesus à la Fnac des Halles le 16 septembre.
C’était sans doute le pire endroit pour voir un concert de la nouvelle égérie de l’underground international. Lumières froides, annonces de caissières, passants distraits, son réduit à son expression la plus faiblarde et scène d’une taille digne d’un concours canin. Et pourtant.
La (nouvellement) blonde ténébreuse a harcelé une audience sur ses gardes. Le temps d’un Stridulum II impressionnant de maîtrise, elle a réussi le tour de force, forcément maléfique, de créer une arche de magie au milieu de l’adversité. Comme un récit tragique, une épopée pop, elle est venue combattre les éléments de pacotille. Car c’est cela, Zola Jesus (en dehors d’être un des meilleurs noms de groupe de cette dernière décennie) : vous entrez au milieu d’un rituel que vous savez faux et pourtant vous y croyez. Elle est définitivement le leader charismatique d’une société (plus si) secrète. A voir et revoir dans un lieu plus propice aux enivrantes exactions.
Parce que, pour le coup, comme elle l’avouait elle-même, si ce n’était pas le "pire endroit", c’était au moins le "plus étrange". C’était peut-être, finalement, tout simplement "le meilleur". Celui des révélations….
lundi 27 septembre 2010
samedi 18 septembre 2010
Marc Bijl / Zola Jesus : The Black Dawn.
Deux évènements d'influences "cold wave" marquent ce début de septembre, l'exposition personnelle de Marc Bijl à la galerie Upstream d'Amsterdam, et la sortie de l'album "Stridulum II" du groupe Zola Jesus... La noirceur dégouline, trouvons-y aussi la beauté de la déchéance, la fascination du déséspoir, et la perfection dans le tragique.
Comme un code hermétique 9/11 666 777, le titre de l'exposition de Marc Bijl assène avec rigueur une confrontation tenue entre l'histoire récente et les mythologies populaires. Le communiqué de presse aussi radicale que les oeuvres elles-mêmes, prévient qu'il s'agit là de la dernière tentative de l'artiste de voir se confronter ses sculptures noircies (Dark symbolism), comme noyées dans une bile noire, avec une approche constructiviste et minimale. A la manière des Cure, qui prétend à chaque fois sortir son dernier album, le climat tendu sonne ici comme une sirène hurlant l'urgence ultime. Obnubilé par les questions de pouvoir et d'ordre, il utilise brillament des symboles puissants (pentagramme, christ) dans une déconstruction du signe simple mais ultra efficace. Si son passé de bassiste batcave au sein du groupe Gotterdammerung lui a permis d'acquérir cette lecture romantique du monde, il a également récupéré de ce mouvement la poésie de l'efficacité. Pas de grandiloquence feinte, mais une rigueur sauvage qui donne à son oeuvre une puissance des plus pertinentes.
Cette efficacité du geste, Zola Jesus l'emploie également avec élégance et raffinement pour distiller une musique aussi profonde qu'intelligente. Si les références dites gothiques se ressentent, elles sont comme dans le travail de Marc Bijl un terreaux fertile à l'avènement d'un univers très personnel. La voix singulière de Nika Roza Danilova est le psychopompe de nos désirs. Depuis presque deux ans, sa démarche s'est affinée. La raideur glaciale des premiers morceaux laisse place à davantage de simplicité. La voix se libère et la musique s'électronise parfois. Le parcours du groupe est jusqu'ici sans faute (à ecouter également un split avec LA Vampire) et progresse à (trop?) grande allure, d'autant que NiKa Roza déploie ses talents également avec Former Ghosts.
Les fantômes sont partout. Des oeuvres de Marc Bijl aux sons de Zola Jesus. Leurs démarches post-modernes, aussi sensibles que radicales nous touchent en plein coeur. Voici l'aube d'une pensée nouvelle, sombre et poétique...
Marc Bijl, Upstream Gallery.
Comme un code hermétique 9/11 666 777, le titre de l'exposition de Marc Bijl assène avec rigueur une confrontation tenue entre l'histoire récente et les mythologies populaires. Le communiqué de presse aussi radicale que les oeuvres elles-mêmes, prévient qu'il s'agit là de la dernière tentative de l'artiste de voir se confronter ses sculptures noircies (Dark symbolism), comme noyées dans une bile noire, avec une approche constructiviste et minimale. A la manière des Cure, qui prétend à chaque fois sortir son dernier album, le climat tendu sonne ici comme une sirène hurlant l'urgence ultime. Obnubilé par les questions de pouvoir et d'ordre, il utilise brillament des symboles puissants (pentagramme, christ) dans une déconstruction du signe simple mais ultra efficace. Si son passé de bassiste batcave au sein du groupe Gotterdammerung lui a permis d'acquérir cette lecture romantique du monde, il a également récupéré de ce mouvement la poésie de l'efficacité. Pas de grandiloquence feinte, mais une rigueur sauvage qui donne à son oeuvre une puissance des plus pertinentes.
Cette efficacité du geste, Zola Jesus l'emploie également avec élégance et raffinement pour distiller une musique aussi profonde qu'intelligente. Si les références dites gothiques se ressentent, elles sont comme dans le travail de Marc Bijl un terreaux fertile à l'avènement d'un univers très personnel. La voix singulière de Nika Roza Danilova est le psychopompe de nos désirs. Depuis presque deux ans, sa démarche s'est affinée. La raideur glaciale des premiers morceaux laisse place à davantage de simplicité. La voix se libère et la musique s'électronise parfois. Le parcours du groupe est jusqu'ici sans faute (à ecouter également un split avec LA Vampire) et progresse à (trop?) grande allure, d'autant que NiKa Roza déploie ses talents également avec Former Ghosts.
Les fantômes sont partout. Des oeuvres de Marc Bijl aux sons de Zola Jesus. Leurs démarches post-modernes, aussi sensibles que radicales nous touchent en plein coeur. Voici l'aube d'une pensée nouvelle, sombre et poétique...
Marc Bijl, Upstream Gallery.
dimanche 12 septembre 2010
Mettre Aethenor à l'alambic.
Il y a des formations qu'il faut suivre...
Formations mouvantes, fonctionnant sur des systèmes de rhizome, d'échange et de collision. Aethenor est l'une d'elle. Depuis 2003, cette entité philosophale développe entre drone, jazz et ambient instrumental, une musique faite de téléscopage. Cet eclectisme nourri par ses membres changeants mais tous inspirés, écrit l'histoire riche d'un groupe particulier. Composé à l'origine de Stephen O' Malley (que l'on ne présente plus), Daniel O’Sullivan (Guapo, Mothlite, Miasma...) et Vincent de Roguin (Shora), certains musiciens viennent y distiller leur matière première : David Tibet, Alexander Tucker...
Hier soir, aux côtés de SOMA et D.O.S. (sujet d'une oeuvre de Luke Caulfield, apprenait-on récemment! (on retrouve toujours un peu d'art contemporain)), ce sont Kristoffer Rygg (Arcturus, Borknagar, Ulver...) et surtout Steve Noble qui ont préparé le fourneau au grand oeuvre.
Si l'improvisation tient une grande place dans leur pratique live, on ressent avant tout une grande unité. Alors que SOMA sort des sentiers battus, et travaille une guitare incidieuse, sur des sons graves certes, mais trouve avec le ebow une harmonie nouvelle, fusionnant parfaitement avec le clavier. Les instruments sont libres, leurs sonorités s'échangent. Une grande fluidité permet des moments intenses. Quant à Steve Noble et son jeu déconstruit, il propose une approche de l'improvisation noise percutante...
En débarassant les sons de leur vilenie, la promesse commune de ces quatre alquemistes est d'offrir des richesses insoupconnées. Et ce nul besoin de mettre Aethenor à l'alambic...
Formations mouvantes, fonctionnant sur des systèmes de rhizome, d'échange et de collision. Aethenor est l'une d'elle. Depuis 2003, cette entité philosophale développe entre drone, jazz et ambient instrumental, une musique faite de téléscopage. Cet eclectisme nourri par ses membres changeants mais tous inspirés, écrit l'histoire riche d'un groupe particulier. Composé à l'origine de Stephen O' Malley (que l'on ne présente plus), Daniel O’Sullivan (Guapo, Mothlite, Miasma...) et Vincent de Roguin (Shora), certains musiciens viennent y distiller leur matière première : David Tibet, Alexander Tucker...
Hier soir, aux côtés de SOMA et D.O.S. (sujet d'une oeuvre de Luke Caulfield, apprenait-on récemment! (on retrouve toujours un peu d'art contemporain)), ce sont Kristoffer Rygg (Arcturus, Borknagar, Ulver...) et surtout Steve Noble qui ont préparé le fourneau au grand oeuvre.
Si l'improvisation tient une grande place dans leur pratique live, on ressent avant tout une grande unité. Alors que SOMA sort des sentiers battus, et travaille une guitare incidieuse, sur des sons graves certes, mais trouve avec le ebow une harmonie nouvelle, fusionnant parfaitement avec le clavier. Les instruments sont libres, leurs sonorités s'échangent. Une grande fluidité permet des moments intenses. Quant à Steve Noble et son jeu déconstruit, il propose une approche de l'improvisation noise percutante...
En débarassant les sons de leur vilenie, la promesse commune de ces quatre alquemistes est d'offrir des richesses insoupconnées. Et ce nul besoin de mettre Aethenor à l'alambic...
Inscription à :
Articles (Atom)