Faire se rencontrer des éléments hétérogènes, provoquer des associations détonnantes, relève soit d'un désir créateur exigeant et curieux, soit d'un inquiétant coup du sort. Car les mélanges quels qu'ils soient ne sont pas forcément sources de renouveau visuel. Les chocs produits sont parfois de formidables éléments d'analyse... Dès lors que ces procédés combinatoires sortent des arts visuels, leur perception n'en est que plus décalé.
Citons deux exemples, l'un heureux l'autre moins...
Un critique américain, Ian Christe, connu pour son regard averti sur la scène métal internationale a monté il y a deux ans une maison d'édition Bazillion Points. Fait intéressant, Bazillion Points s'est consacré à l'édition d'ouvrages très spécialisés, où l'underground se terre au plus profond... Et, il y a notamment ce livre improbable de cuisine : "Hellbent for cooking" par Annick "Morbid Chef" Giroux.
En grande adoratrice de la musique de Satan, en ce qu'elle peut avoir de plus lourd, elle a déclaré la guerre à la malbouffe et tente de faire voler en éclat le mythe du metal-head buveur de bière et dévorateur de chips. Mais c'est là qu'est notre propos : que donne l'étonnante rencontre de l'art culinaire et de la musique metal ? L'abandon de soi dans la rébellion extrême, la fascination pour le morbide, et la misanthropie communautariste du metal amènent-ils à la célébration de la vie par les plaisirs gustatifs ? Le livre, au-delà de révéler des recettes venues des quatre coins du monde, donnent la paroles aux musiciens... Et si Mayhem vous invitait à déguster un petit Fårikål... L'idée est aussi loufoque qu'ingénieuse.
Pour d'autres, les mélanges des genres sont plus que déroutants et fascinent par l'incongruité de leur symbolique...
Marilyn Manson affublé d'un t-shirt SMET questionne. Il y a là comme un choc esthétique étourdissant, comme une antonimie vulgaire. Seulement Smet, marque kitsch du non moins kitsch Christian Audigier, ne porte pas aux US la même symbolique qu'en France. En d'autre mot : que produit la rencontre fortuite de Marilyn Manson et de Johnny Hallyday (sur une table de dissection) ?
Les caractères profondément opposés des deux référents amènent un non sens, témoignent d'un geste dont l'absurde tend vers le surréalisme. A l'heure où les stars ne sont plus que des hommes sandwich (celebrity wear), on ne s'intérroge plus sur ce qui crée du sens ou sur ce qui au contraire annihile... Manson en Gareth Pugh c'est quand même plus digeste. Question de champ lexical...
mardi 26 janvier 2010
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1 commentaire:
Et quid du livre de cuisine de David Yow ? C'est pas une rencontre improbable, ça ???
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